<180> en voit les effets en Turquie, où notre saint-père le Turc s'arme pour soutenir la cause des confédérés de Pologne contre les dissidents. Si le grand vizir fait des conquêtes en Pologne, sans doute que le saint-père de Rome l'honorera d'une toque et d'une épée pour avoir soutenu la cause de l'Église, et qu'on lui donnera brevet d'expectative pour être canonisé cent ans après sa mort. Cet exemple enfle étrangement mes espérances, et me fait espérer qu'un hérétique pourra, s'il combat pour l'Église, obtenir une niche de saint pour récompense; car il y a plus loin d'un Turc à un chrétien que d'un hérétique à un catholique. Je sens que, si j'étais pape, j'aimerais infiniment mieux un Turc qui m'assiste qu'un chrétien qui me dépouillerait, par exemple, d'Avignon, et que, en qualité de suisse du paradis, j'ouvrirais la porte à l'un, et la fermerais à l'approche de l'autre; mais, madame, il y a loin d'un pauvre hérétique empêtré d'erreurs, et de notre saint-père infaillible en ses opinions et ses actions. Je recommande ce pauvre hérétique à votre indulgence, à votre support et à votre protection (j'ai pensé dire à vos prières), vous assurant, madame, que, quoique hérétique sur des sujets ténébreux et inintelligibles, je ne le serai jamais en fait de la haute estime et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.
105. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 13 janvier 1769.
Sire,
Avoir été six grandes semaines sans répondre à la lettre la plus aimable et la plus flatteuse, c'est, je l'avoue moi-même, une faute inex-