<185> leurs valets, allaient aux noces de leurs amis se griser de mauvais vin, manger la poule au pot, et des amandes et des raisins pour leur dessert. Convenez, Sire, que je dois bien regretter ce bon vieux temps, où, à dire vrai, nous eussions fait très-mauvaise chère, mais où je n'aurais pas été privée, comme à présent, de la satisfaction de vous assurer de bouche qu'on ne saurait rien ajouter aux sentiments d'admiration et de la plus haute estime avec laquelle je ne cesserai d'être, etc.

108. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

20 avril 1769.



Madame ma sœur,

Je bénis le ciel d'apprendre par Votre Altesse Royale même l'agréable nouvelle de son entière convalescence, et je vous assure, madame, sans vous faire un compliment déplacé, que j'y prends autant d'intérêt qu'aucun de votre famille. D'ailleurs, madame, les préjugés avantageux que V. A. R. veut bien avoir sur mon sujet se dissiperaient bientôt en me voyant; les infirmités ne se déguisent point, on ne les sent que trop, et la nature ne devait pas m'excepter de la catégorie générale où elle range ceux de mon espèce. Le feu de votre esprit ranime mes cendres presque éteintes; mais sans la force que vous daignez leur communiquer de temps en temps, il n'y aurait plus de reste qu'une faible végétation. Voilà, madame, ce qui devait éloigner un vieillard jubilaire de votre fête des dieux; et si j'avais le style de Voiture, j'ajouterais que l'hiver couronné de neige et de frimas ne doit pas paraître à côté de Flore et de Zéphire. Que V. A. R. Soit persuadée d'ailleurs que du pain bis et de l'eau de citerne, servis dans