<188>faitement. Ce serait, Sire, le plus cher de mes désirs. Si je ne les remplis point, si je ne fais pas seller ma haquenée, ou si j'hésite à lui substituer de bons chevaux de poste, au moins ma pensée, qui voyage avec un peu plus de facilité, sera toujours présente à vos fêtes. Si V. M. pouvait y lire, elle y verrait la confiance la plus entière, jointe à la haute admiration avec laquelle je ne cesserai d'être, etc.
Il y a un de nos meilleurs comédiens, nommé Marsan, à Berlin. Il désire vivement de produire son talent aux yeux de V. M.; si elle daigne lui en accorder la permission, je me flatte qu'elle en sera contente.
110. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
12 juillet 1769.
Madame ma sœur,
Ah! madame, que Votre Altesse Royale ne réalise-t-elle le songe enchanteur qu'elle me présente! Quoi! vous voir ici, vous posséder, et jouir de l'ineffable avantage de votre divine conversation! Et tout ce bonheur s'évanouit comme une vapeur légère dont mon imagination frappée conserve une empreinte qui la tourmente, et me remplit de regrets! Il y a, en vérité, un peu de cruauté, madame, dans vos procédés; ou ne me montrez point de bonheur, ou donnez-m'en la pleine jouissance. Je suis à présent comme un homme affamé qui mâche à vide; je me remplis des idées que vous daignez me présenter, et je me crois réduit aux tourments d'Ixion.a Non, madame, j'ose dire que vous avez trop avancé pour reculer, et, sans venir sur une haquenée avec votre écuyer et votre confidente, quel mal y aurait-il
a Ou plutôt de Tantale.