14. AU MÊME.
(Meissen) ce 18 (novembre 1762).
Je vous renvoie, mon cher, trois volumes de sottises ecclésiastiques, que j'ai expédiés; je compte de vous renvoyer les trois derniers volumes le 25. Vous les ferez partir pour Breslau à la première occasion. Que de mauvais raisonnements et de sophismes! Ce serait là le lieu de dire comme l'abbé Terrasson :a Pas un mot de géométrie dans tout cela.
Nous sommes en négociation pour convenir d'une convention pour l'hiver avec les ennemis; dès qu'elle sera conclue, et que j'aurai fini ici des arrangements très-essentiels, je ferai un tour pour visiter mes quartiers, et, cette tournée finie, je compte d'être le 5 à Leipzig. J'y appointerai mon cher marquis,b et vous pourrez profiter de l'occasion pour prendre haleine des travaux conjugaux dont je m'imagine que vous devez vous ressentir, ayant probablement fait des efforts pour soutenir la réputation de vos compatriotes. A Leipzig, j'étudierai tout à mon aise, et, si les conjonctures le permettent, je reposerai ma pauvre tête ébranlée par toutes les vives secousses qu'elle a soutenues l'hiver passé et toute cette campagne. N'oubliez pas le siége de Malte;c et si vous trouvez quelque nouvelle tragédie qui en vaille la peine, chargez-vous-en; car ici je vous jure qu'on ignore jusqu'aux almanachs, et que beaucoup de personnes y meurent sans savoir si l'on imprime ou non en France ou en Hollande. Quintus,d
a Voyez t. XVI, p. 91. Dans sa lettre à d'Alembert, du 29 janvier 1771, Frédéric attribue ce mot à l'abbé Trublet.
b Voyez t. XIX, p. 417 et suivantes.
c Frédéric parle probablement du siége de Malte qui eut lieu en 1565, et dont le récit se trouve dans les t. IV et V de l'Histoire des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, appelés depuis chevaliers de Rhodes, et aujourd'hui chevaliers de Malte, par M. l'abbé de Vertot. Nouvelle édition. Paris, 1761, sept volumes in-12. Voyez t. XIX, p. 105.
d Voyez t. V, p. 13, et t. XIX, p. 430.