<198> me donne son entrevue avec l'Empereur, et de tout ce que vous m'en marquez. Je suis charmée d'apprendre, Sire, que votre sentiment à son égard appose aux miens le sceau de la certitude; mais je suis mille fois plus enchantée, plus ravie de pouvoir bientôt dire de bouche à Frédéric que, s'il a bien des admirateurs, il n'en a point qui l'honore plus que moi, qui enfin le mette plus que moi au-dessus de l'humanité. Veuillez agréer, Sire, ces sentiments, qui partent du cœur, ainsi que les assurances de la haute estime et du parfait attachement avec lequel je ne cesserai d'être, etc.
116. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Le 7 octobre 1769.
Madame ma sœur,
Votre Altesse Royale met le comble à mes vœux en daignant réaliser une idée que j'avais toujours envisagée comme une idée consolante, une heureuse illusion qui pouvait rendre souffrable l'éloignement où j'ai été obligé de vivre de votre personne auguste. Vous ressemblez en tout, madame, aux dieux, qui ne font rien à demi, et qui exaucent quelquefois les vœux des humains, lorsqu'ils voient que leur adoration part d'un cœur sincère et d'une entière résignation à leur volonté. Nous verrons donc ici cette électrice admirable, et nous posséderons (quoique pour peu de temps) celle dont l'univers entier nous enviera la possession. Pardonnez, madame, à mon ivresse; on ne se possède pas dans des moments d'un plaisir vivement senti; je ne puis plus mesurer scrupuleusement mes termes; je suis dans ce premier enthousiasme de ravissement où l'expression du sentiment l'emporte,