<212> prima virtuosa, qui se trouve ici, m'est encore d'un grand secours; je la fais bien moins chanter que causer.
De toutes les choses agréables que V. M. me mande, la certitude de la grossesse de la Princesse de Prusse est celle qui me charme le plus; et si ma présence eût porté la fécondité chez vous, ce serait sûrement le plus beau miracle que j'eusse fait de ma vie. Mais je soupçonne qu'il en est de ce miracle comme de beaucoup d'autres, que la nature a un peu aidés. Quoi qu'il en soit, Sire, persuadez-vous, si vous le pouvez, que ma présence vous a été bonne à quelque chose. J'en perdrai moins la plus chère de mes espérances, celle de vous revoir un jour, et de vous exprimer encore de bouche l'admiration sans bornes, la haute considération et l'attachement inviolable avec lequel je suis, etc.
125. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
25 février 1770.
Madame ma sœur,
En pensant ou parlant de Votre Altesse Royale, il est bien difficile d'en exclure la vénération et la considération qu'on lui doit. Les Romains donnaient le nom de saints à leurs empereurs et à leurs impératrices, qui souvent en étaient très-indignes; mais tout le monde m'applaudira, si, dans mon lararium, je dresse un autel à diva Antonia, et si je rends un culte dû à ses grands talents et à ses excellentes vertus. M. Keith ne me démentirait pas, et je suis persuadé qu'il préfère infiniment ma divinité à son vieux saint Patrice d'Irlande, qui, assis sur une montagne, voguait avec elle légèrement sur mer. C'est