<24> plus cordialement du monde de lui-même, sans qu'il le sût. Il a cependant de quoi se consoler. Il possède en biens-fonds au delà de six cent mille écus. Je vous en souhaite autant, mais sans son ridicule; car, s'il était joint à la possession du monde entier, l'être n'en serait pas moins l'animal le plus vexatif et le plus ridicule de notre espèce. Adieu, mon cher; je m'en vais me coucher.
19. DE M. DE CATT.
Potsdam, 26 septembre 1768.
Sire,
Votre Majesté est la bonté même; son âme est faite pour les grandes choses, et son cœur pour les grands sentiments de générosité; plus V. M. pardonnera, plus elle sera elle-même. J'ose la supplier encore, à ses pieds, d'accorder au marquis ce congé qu'il désire;a il reviendra, j'en suis sûr; il l'atteste sur ce papier, qui criera contre lui, s'il pouvait manquer à sa parole. Par ce trait généreux, vous conserverez, Sire, un ancien serviteur, un homme honnête qui chérit V. M. Il n'y aurait plus d'excuse pour le marquis, s'il ne revenait point; tout annoncerait son ingratitude, et ce dont est capable un cœur, Sire, comme le vôtre. Le marquis se dira un jour, j'en suis sûr : Pourrais-je vivre ailleurs qu'aux pieds d'un prince si bon, qui peut avoir tant de condescendance? Ah! Sire, qu'elle se laisse fléchir, qu'elle daigne accorder cette grâce; ce sera un bienfait qu'elle répandra sur moi, et dont le souvenir ne finira qu'avec mon existence. Le marquis reparaîtra
a Voyez la correspondance de Frédéric avec le marquis d'Argens, t. XIX, p. 471-473, lettres 314 et 315.