<251> suis arrivée que la semaine passée. Je n'ai pas mis quarante ans à mon voyage; mais, à cela près, je l'ai fait en zigzag, à la manière du peuple d'Israël.a Chemin faisant, j'ai renouvelé d'anciennes connaissances, j'en ai fait de nouvelles; j'ai vu des cours et des souverains; j'ai eu le plaisir de passer une journée avec la landgrave de Darmstadt et sa respectable mère. Je me suis liée de la plus tendre amitié avec elle; elle aurait eu toute mon admiration, mais j'avais vu Frédéric. Que peut-on admirer encore dans l'univers, lorsqu'on a eu le bonheur de vous connaître? Il n'est personne, Sire, qui vous porte un tribut plus sincère de haute estime et d'attachement que celle que V. M. daigne nommer diva Antonia. Je ne connais point de titre plus glorieux que celui d'être à jamais, etc.
152. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Le 11 novembre 1771.
Madame ma sœur,
Il n'y avait que la goutte qui pût m'empêcher de répondre plus tôt à V. A. R. J'en ai été si maltraité pour cette fois, qu'elle m'a tenu quatre semaines les pieds et les mains garrottés.b Le bras droit, dont depuis j'ai recouvré l'usage, me met à présent en état de vous marquer, madame, combien je suis reconnaissant des bontés que vous daignez me témoigner. La nouvelle la plus intéressante pour moi est, sans contredit, les bons effets que V. A. R. ressent de la cure
a Deutéronome, chap. VIII, v. 2, et chap. XXIX, v. 5.
b Voyez t. XXIII, p. 231 et 232.