<275>Il est arrivé ici, ces jours passés, un homme qui joue d'un instrument qu'on appelle harmonica; ce sont des cylindres de verre qui rendent un son très-harmonieux et très-touchant. Il était accompagné d'une jeune fille qui exécutait sur le violon des difficultés capables d'embarrasser Tartini.a Mais j'ai honte d'entretenir V. A. R. de ces misères, maintenant qu'elle se trouve au sein de sa famille paternelle, et qu'elle peut jouir à longs traits du charme inexprimable de sa patrie. Mes lettres sont bonnes pour être lues dans des moments d'ennui, et non pas dans ceux de la jouissance. Je cède aux droits que la maison de Bavière a, madame, sur votre personne, et je me renferme à vous assurer de la haute estime et de l'admiration avec laquelle je serai à jamais, etc.

165. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Munich, 21 février 1773.



Sire,

Il est trop juste qu'un héros qui s'est couvert de chaque espèce de gloire jouisse de toute espèce de bonheur. Celui que V. M. éprouve à présent est véritablement le bonheur d'un bon père de famille. Vous voyez, Sire, augmenter chaque jour et fleurir la vôtre par une accession nouvelle. Il n'y a plus à Berlin que des mariages et des baptêmes les uns plus heureux que les autres, et des événements si ordinaires en apparence sont encore l'ouvrage du génie de Frédéric, et de nouveaux garants de sa gloire. Agréez-en mes compliments avec


a Voyez t. XII, p. 233.