<336> jamais lui dire assez quelle est l'admiration vive et profonde et la haute estime avec laquelle je suis, etc.

206. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

(Potsdam) 5 août 1777.



Madame ma sœur,

Une grosse fièvre qui m'était survenue assez subitement m'a empêché de répondre plus tôt à la lettre obligeante que M. de Zinzendorff m'a remise de sa part. V. A. R. me fait trop d'honneur en voulant bien s'amuser de mes lettres. Il est certain qu'il serait difficile au plus savant académicien de l'Europe de l'instruire; ainsi, lorsqu'elle veut bien me mettre sur des sujets d'histoire, c'est plutôt pour que je lui dise ma leçon, me soumettant à toutes les corrections, madame, que vous voudrez faire au thème de votre écolier.

Je suis persuadé, comme V. A. R., que si quelqu'un de nos anciens pouvait revenir dans le monde, il trouverait tout changé, beaucoup de choses en bien; peut-être y aurait-il quelques sujets qui lui feraient regretter le bon vieux temps. Les choses qu'il trouverait améliorées consisteraient surtout, en Allemagne, dans une augmentation considérable de la population, dans une aisance générale que les richesses du nouveau monde, répandues dans notre continent, ont distribuée entre les nations, dans la politesse, les agréments de la société, les arts et les sciences. Mais peut-être ne trouverait-il plus cette ancienne bonne foi germanique dont nos ancêtres se glorifiaient, et que la fréquentation des nations voisines a un peu ternie. Il n'apercevrait peut-être pas une fausse politesse qui dégénère en perfidie,