<410>tant infiniment, m'inquiète néanmoins et m'afflige par le peu d'espérance qu'elle me donne d'une paix prochaine, que toutes sortes de raisons me font désirer. Plût à Dieu que cette paix dépendît de moi! Elle serait bientôt faite, Sire, à la satisfaction de V. M. et à celle de la France, car je n'ai pu m'accoutumer encore à regarder vos intérêts comme séparés. Puisse la campagne qui va commencer bientôt être la dernière de cette guerre affreuse, et mettre fin aux maux de l'humanité!
Je suis avec le plus profond respect,a etc.
9. DU MÊME.
Paris, 27 mai 1762.
Sire,
« Votre Majesté est bien ingrate d'avoir tant maltraité ses maîtres, » disait le général suédois Rehnsköld au czar Pierre, après avoir été bien battu.b Permettez-moi d'adresser à V. M. la moitié de ce reproche, et de lui dire aussi qu'elle est bien ingrate de maltraiter comme elle le fait,c je ne dis pas son maître, je ne dis pas même son disciple, mais celui de tous les géomètres qui lit et qui admire le plus vos ouvrages, en dépit de la géométrie et de vos bons mots. Il est vrai,
a Le Roi ne répondit pas à cette lettre. Voyez ci-dessus, p. 5, no 4.
b Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XXIV, p. 199.
c Frédéric avait envoyé à d'Alembert ses Réflexions sur les Réflexions des géomètres sur la poésie. Voyez t. IX, p. 69-86; t. XIX, p. 335, 338, 360 et 361; t. XXI, p. 169; t. XXII, p. 206 et 226; et t. XXIII, p. 346.