<414> misère un si grand nombre d'hommes, il me sera du moins permis, à présent que la maison d'Autriche n'est plus notre alliée, de donner un libre cours à mes vœux; de souhaiter à V. M. tous les succès et toute la gloire que méritent sa grandeur d'âme, son courage, ses talents et ses travaux; de souhaiter surtout que sa tranquillité et celle de ses peuples soient bientôt assurées par une paix durable et glorieuse, quand même, au grand scandale de la géométrie, le traité devrait être en vers.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
11. DU MÊME.
Paris, 7 mars 1763.
Sire,
Il m'est donc permis de respirer enfin, après tant de tourments et d'inquiétudes, et de laisser agir en liberté des sentiments si longtemps renfermés et contraints au fond de mon âme. Il m'est permis de féliciter V. M. sur ses succès et sur sa gloire, sans craindre d'offenser personne, sans trouble pour le présent, et sans frayeur pour l'avenir. Que n'a-t-elle pu lire dans mon cœur depuis six ans les mouvements qui l'ont agité, la joie que m'ont causée ses victoires (excepté celle de Rossbach, dont V. M. elle-même m'aurait défendu de me réjouir), et l'intérêt plus vif encore que j'ai pris à ses malheurs, intérêt d'autant plus grand, que je sentais ce que ces malheurs pouvaient coûter un jour à mon pays, et que je plaignais la France, sans oser même le lui dire! Je ne sais si nous traiterons les Autrichiens comme nous avons traité les jésuites; les premiers nous ont fait pour le moins autant