<460>Christ, et qu'il ait renoncé à son père et à sa mère pour le suivre, suivant la morale de l'Évangile.a

M. de Catt remettra à V. M. le mémoire que j'ai lu à l'Académie des sciences le jour où monseigneur le prince héréditaire de Brunswic a assisté à la séance; il roule sur un objet utile, dont je m'occupe autant que ma faible santé me le permet; car j'aurais encore plus de besoin d'un bref de sommeil et de digestion que d'un bref d'indulgences. J'ai bien de la peine à être passablement avec ces deux divinités-là; je dis divinités, parce que le sommeil et la digestion me paraissent les deux vraies divinités bienfaisantes de ce monde. Aussi suis-je bien résolu, suivant le sage conseil de V. M., de ne rien faire qui puisse les troubler; la nature physique ne m'a déjà que trop mal partagé de ce côté-là, sans que j'aie encore la sottise d'y joindre les causes morales, qui achèveraient de tout gâter.

Je ne sais si V. M. a reçu le cinquième volume de mes Mélanges, que j'ai eu l'honneur de lui annoncer dans ma dernière lettre; je la supplie de vouloir bien m'en dire son avis avec sa bonté ordinaire. Voltaire m'en paraît content; mais de quoi il est bien plus charmé, et avec bien plus de raison, ce sont les lettres que V. M. lui écrit; il m'en parle sans cesse, et m'en paraît transporté.

Je suis avec le plus profond respect, etc.


a Évangile selon saint Matthieu, chap. XIX, v. 5 et 21.