<56>rais-je? Non, Sire; vous n'êtes pas capable de changer de sentiments envers celle qui vous sera le plus sincèrement attachée tout le temps de sa vie.
J'ai l'honneur d'être, etc.
11. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Sans-Souci, 22 octobre 1763.
Madame ma sœur,
J'ai été extrêmement flatté par la lettre que Votre Altesse Électorale a eu la bonté de m'écrire. Il ne se peut rien de mieux, madame, que votre façon de penser; le tour que V. A. É. se propose de donner aux affaires de Pologne est, ce me semble, le seul dont elles soient susceptibles. En négociant, madame, vous ne risquez rien; et, si vous ne réussissez pas par cette voie, je vous avoue franchement que je n'en vois point d'autre.
Permettez-moi, madame, que je vous fasse mon compliment sincère sur la manière dont vous illustrez les commencements de votre administration en Saxe; il était temps que les souverains de ce pays pensassent au bonheur de leurs peuples, et la nature devait aux Saxons un prince comme l'Électeur, et une princesse de votre rare mérite. Le soir, madame, en entendant chanter les airs de vos opéras, je me dis en moi-même : Cette femme rare fait non seulement le plaisir de ceux qui l'écoutent, mais encore le bonheur de ceux qu'elle gouverne. Continuez, madame, dans ce beau chemin que vous vous êtes ouvert vous-même; je suis un enthousiaste du bien public, et je vous avoue que mon cœur s'épanouit quand je vois de belles âmes qui aiment le bien, et qui le font si noblement. Enfin le