<593>vailler au nom du pauvre d'Argens,a et de nous régaler de quelque ouvrage qu'il aura composé aux champs Élysées. Je le regrette véritablement; il était honnête homme et vrai philosophe, possédant beaucoup de connaissances, et sachant en faire usage. Son style avait quelquefois la diarrhée,b et c'était par une suite de sa paresse, qui l'empêchait de corriger ce qu'il donnait au public. A peine avait-il achevé un cahier, que, sans le relire, il l'envoyait au libraire. Si quelqu'un se donnait la peine de faire le triage de ses œuvres, on y recueillerait d'excellentes choses. Mais on peut bavarder et être homme vertueux; cette dernière qualité l'emporte sur toutes les autres; c'est un beau vernis qui couvre bien des petites taches dont l'humanité n'est que trop remplie. Je souhaite que vous ayez à Paris un temps moins rude que celui que nous avons ici, que vous jouissiez d'une santé parfaite et d'une tranquillité d'âme inébranlable. Sur ce, etc.
100. DE D'ALEMBERT.
Paris, 21 avril 1771.
Sire,
J'ai reçu presque en même temps les deux dernières lettres dont V. M. a bien voulu m'honorer; mon premier soin a été de répondre, s'il m'était possible, au désir que V. M. me marque dans la seconde de ces lettres, de lire quelqu'une des fables de M. le duc de Nivernois.c Comme il n'était point en ce moment à Paris, je lui ai écrit
a Le marquis d'Argens était mort à Toulon le 12 janvier 1771.
b Voyez t. XXIII, p. 399, et ci-dessus, p. 333.
c Voyez t. XIX, p. 356.