<60> avec personne. Au sujet des affaires de Pologne, une impératrice que je dois ménager, et à laquelle j'ai de grandes obligations, exige de moi d'entrer dans ses mesures; vous, madame, que je voudrais complaire, si je le pouvais, vous voudriez, madame, que je fasse changer de sentiments à cette impératrice. Daignez, de grâce, entrer dans mon embarras. V. A. É. apprendra par le sieur de Sacken, lorsqu'il sera arrivé à Pétersbourg, quels sont les sentiments de l'impératrice de Russie. Mais, selon tout ce que j'apprends de ce pays-là, il me paraît que les résolutions sont toutes prises, et que même l'Impératrice est résolue à soutenir le parti de ses partisans en Pologne avec les forces qu'elle a toutes prêtes sur les frontières. Pour moi, madame, je voudrais, si cela était possible, ne me point engager dans toute cette affaire, qui jusqu'à présent n'est pas compliquée, mais qui d'un jour à l'autre peut le devenir, par la part trop vive que des voisins de la Pologne pourront y prendre; prêt à donner d'ailleurs, dans toutes les occasions, des marques à V. A. É. de la haute estime avec laquelle je suis, etc.
15. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 26 novembre 1763.
Je réponds par le premier courrier à la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire le 16. Autant je suis flattée de l'estime et de l'amitié que V. M. continue à me témoigner, autant suis-je frappée de ce qu'elle me dit de l'impératrice de Russie. Pourquoi cette princesse serait-elle si fortement déclarée contre nous? Nous n'avons point mérité sa haine. Nous recherchons au contraire son amitié.