<79> point j'y ai été sensible. Ce prince, que j'ai vu ici avec bien du plaisir, m'a paru digne de sa réputation. S'il a bien peint à V. M. mes sentiments pour elle, je lui en aurai une obligation éternelle. Il vous convaincra, Sire, que je suis avec autant de sincérité que d'attachement, etc.
30. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Sans-Souci, 25 septembre 1764.
Madame ma sœur,
Dans quelque lieu que je me trouve, et quelle que soit l'occupation dont je sois chargé, il n'en est aucune que je ne quitte avec plaisir pour répondre à V. A. R., trop heureux qu'elle se souvienne de moi. Je sens bien, madame, que ma théologie vous doit paraître un peu hérétique, à vous, fille de l'Église, et très-orthodoxe héritière de la foi de vos pères. Je ne vous dirai point, madame, que les écoles distinguent une liberté spontanée d'une autre liberté; je ne vous fatiguerai point d'un verbiage métaphysique sur une matière difficile et presque impénétrable.a Mais j'ose vous assurer, madame, que la liberté dont je voudrais user librement se trouve, dans de certains cas, chargée d'entraves et arrêtée par des considérations qui l'obligent de se plier aux conjonctures. C'est, je crois, ce qui est arrivé plus d'une fois à V. A. R., et dont peu de personnes, ou, pour mieux dire, aucunes, n'ont pas eu la même expérience. Je laisse aux grands potentats à gouverner le monde à leur fantaisie, et je me trouve bien heureux quand je puis en paix faire le bien que je dois aux peuples que la Providence a daigné commettre à mes soins. Si j'avais quelque
a Voyez t. XXI, p. 101, 102, 112 et suivantes, et p.142 et suivantes; t. XXIII, p. 227 et 232.