<103>ment pour l'humanité, ne sera pas vraisemblablement la dernière. L'ouverture du parlement est un moment intéressant, et nous verrons si l'Angleterre consentira à achever de se ruiner pour achever de dévaster et de dépeupler ses colonies.
Le sieur Tassaert, sculpteur, qui vient de m'écrire, me paraît plein de zèle pour le service de V. M., et de désir de mériter de plus en plus ses bontés. Je prends la liberté de les lui demander pour cet honnête et habile artiste, qui mérite un sort heureux par ses talents et par son caractère.
J'ai une proposition à faire à V. M., qui pourra lui être agréable. Elle m'a fait l'honneur de me parler, dans une de ses lettres, avec estime de l'ouvrage intitulé La Philosophie de la nature, dont l'auteur, M. Delisle, a été si indignement traité par les inquisiteurs du Châtelet. Ceux du parlement ont été plus doux à son égard; mais ce malheureux procès a détruit sa fortune; il aurait besoin, pour échapper au malheur qui le menace, de s'attacher à un protecteur philosophe, et il désirerait ardemment que V. M. voulût bien être ce protecteur. C'est un homme de trente ans, d'une figure noble et distinguée, d'une grande douceur de caractère, d'une grande honnêteté de principes et de mœurs, qui a beaucoup de connaissances, comme son ouvrage le prouve, que V. M. aimerait, si je ne me trompe, qui aurait pour elle la plus tendre vénération et le plus entier dévouement, qui, par l'agrément et l'aménité de sa conversation, pourrait lui être de quelque ressource dans ses moments de relâche. Si V. M. consentait à se l'attacher, et qu'elle voulût me dire à quelles conditions, je ne doute point qu'il ne les acceptât, pourvu que ces conditions, comme je n'en doute pas, fussent telles, qu'il pût espérer un sort heureux pour le reste de ses jours. M. de Voltaire doit se joindre à moi pour faire à V. M. la même demande, et nous attendons sa réponse. Je suis avec le plus tendre et le plus respectueux dévouement, etc.