<105> coupable, c'est d'avoir donné à V. M., s'il est possible, un plus grand nombre d'admirateurs; et je ne puis croire qu'une telle faute me rende criminel à ses yeux. L'intention doit au moins faire excuser l'action.
Quant à toutes les autres lettres que V. M. m'a fait l'honneur de m écrire, je puis l'assurer que je n'en ai donné de copie à qui que ce soit au monde, ni en entier, ni par extrait; que je ne les ai même lues qu'à un très-petit nombre de sages, à qui tout ce qui vient de V. M. est cher et précieux. Je n'ai point ouï dire qu'il en coure à Paris des copies manuscrites, et, s'il en courait, j'ose assurer, Sire, que ce seraient des copies factices et supposées.
Ce n'est pas la première fois qu'on a imprimé de prétendues lettres que V. M. m'avait, dit-on, adressées. J'ai donné deux ou trois fois un démenti public à ces faussaires, et à la fin je m'en suis lassé, en priant ceux qui les liraient à l'avenir de les regarder comme des imposteurs.
Il se peut qu'on ait fait courir dans le public quelques phrases tronquées et infidèles de ces lettres; c'est ce que j'ignore. Mais V. M. peut se rappeler que, à l'occasion de quelques phrases qu'on fit courir ainsi il y a quelques années, elle soupçonna qu'elles étaient répandues par ceux qui de Berlin à Paris ouvrent, comme l'on sait, toutes les lettres aux postes. Elle me fit l'honneur de me le mander, et si le fait dont elle se plaint est vrai, il se pourrait qu'il eût la même cause.
Soyez donc persuadé, Sire, que s'il a couru, par ma faute ou par mon zèle, quelques extraits des lettres de V. M., ce ne sont que des extraits qui ne peuvent blesser personne, et dont l'effet unique a été de faire chérir et respecter V. M. par ceux qui ne connaissaient en elle que le roi, et qui ne connaissaient pas l'homme et le sage.
Platon n'avait garde de publier les lettres du tyran Denys; elles ne ressemblaient pas à celles du philosophe Frédéric. Aristote nous a transmis une lettre de Philippe, père d'Alexandre; et cette lettre