<140> travail d'esprit, et encore moins aucune fatigue de corps, me prive de cette satisfaction si chère à mon cœur. Je m'en console, Sire, autant qu'il est possible, en m'entretenant, avec tout ce que je vois, de la gloire de V. M., en me rappelant sans cesse avec la plus vive reconnaissance les bontés dont elle m'honore depuis si longtemps, et surtout en apprenant que sa santé est meilleure que jamais, et promet encore longtemps à l'Europe l'exemple de sa vie, de sa gloire, de son génie et de ses vertus.
Je n'ose prier V. M. d'interrompre quelques moments ses précieuses occupations pour jeter les yeux sur le volume d'Éloges académiques que j'ai eu l'honneur de lui envoyer. Elle y verra du moins, si elle daigne l'ouvrir, les témoignages les plus sincères de la reconnaissance et de la vénération que je lui dois. Je ne sais par quelle fatalité elle a reçu ce volume si tard. J'ai eu l'honneur de le lui envoyer au moment même de l'impression; il est resté, contre mon espérance, trois mois entiers à Berlin, et n'a été remis à V. M. qu'au moment de son arrivée. C'est trop tard pour ce que je lui dois, mais c'est peut-être encore trop tôt pour mon intérêt et pour le jugement qu'elle portera de cette rapsodie, si elle daigne un moment s'en occuper.
V. M. sait peut-être que l'Académie française a proposé l'éloge de Voltaire pour le sujet du prix de poésie, et que j'ai eu le bonheur de rendre hommage en cette occasion à la mémoire de mon ami, en augmentant ce prix du double. Nous allons lire et juger les pièces du concours; puissent-elles être dignes du sujet! Il ne nous resterait plus, Sire, qu'un éloge à proposer après celui-là; je le laisse à devinera V. M., et je voudrais bien que les circonstances nous permissent d'offrir à nos poëtes un si beau sujet d'exercer leurs talents.
V. M. me fait l'honneur de me parler du buste de Voltaire. Ce buste, Sire, est très-ressemblant, fait par un sculpteur très-habile, et digne d'orner le cabinet de V. M., et même la salle de son Académie.