<168> vous savez ce qui s'y passe. En moins d'un mois, la mort nous a enlevé, ici et dans notre voisinage, quantité de personnes distinguées et connues : la Princesse de Prusse, son frère le duc de Brunswic, ma nièce la duchesse de Würtemberg, l'électrice douairière de Saxe, le prince et la princesse Hatzfeld, et le prince de Mansfeld avec son fils.a Une bataille sanglante et meurtrière n'en aurait pas plus emporté à la fois. Si donc un vieillard septuagénaire a hâte de vous voir, ne vous en étonnez point; c'est pour vous assurer, avant de mourir, de l'estime qu'il a eue pour vous et pour votre génie. Sur ce, etc.
219. DE D'ALEMBERT.
Paris, 8 juin 1780.
Sire,
J'écris à M. de Catt le malheureux et ennuyeux détail de ma situation physique et morale; il en rendra compte à V. M., et ne lui exprimera pas aussi vivement que je la sens ma profonde douleur de ne pouvoir aller mettre à ses pieds tous les sentiments que je lui dois, et que je lui ai voués jusqu'à la mort. Quoique mes peines de corps et d'esprit ne soient pas aussi grandes que celles que V. M. a tant de fois essuyées, et auxquelles elle a résisté avec un courage et une patience
a La Princesse de Prusse (t. IV, p. 262) mourut le 13 janvier 1780; le duc Charles de Brunswic (t. VI, p. VI et 252), le 26 mars; la duchesse Élisabeth-Frédérique-Sophie de Würtemberg, née princesse de Baireuth (t. VI, p. 200), le 6 avril; l'électrice douairière Marie-Antonie de Saxe (t. XXIV, p. IV et 41-366), le 23 avril; François-Philippe-Adrien, prince de Hatzfeld-Trachenberg, était mort le 5 novembre 1779; sa femme Bernardine-Marie-Thérèse mourut le 7 avril 1780; Henri-Paul-François, prince de Fondi et comte de Mansfeld, le 15 février, et son fils, Joseph-Wenceslas-Jean-Népomucène, le 31 mars suivant.