<179>vous à votre destin; je souhaite qu'il soit heureux, et que votre santé se conserve. Sur ce, etc.
223. DE D'ALEMBERT.
Paris, 15 septembre 1780.
Sire,
L'intérêt que Votre Majesté veut bien prendre à ma triste situation physique et morale me pénètre jusqu'au fond du cœur. Ses bontés pour moi, dont j'éprouve les effets depuis si longtemps, sont exprimées avec tant de sensibilité dans la dernière lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire, que je n'ai plus, Sire, qu'un regret et qu'une crainte : c'est de vous avoir entretenu trop longtemps de mes maux, au milieu des grandes et importantes affaires qui vous occupent. Une seule chose peut excuser mon indiscrétion : c'est que les bontés de V. M. sont à présent ma seule consolation et ma seule ressource. Elle veut bien me proposer son exemple à suivre; elle m'exhorte à imiter sa gaîté et sa philosophie, malgré la vieillesse qui affaiblit ses organes, et les chagrins qu'elle éprouve sur le trône. Je sais, Sire, qu'aucune classe de l'espèce humaine n'est exempte de souffrir; mais je sais aussi qu'il est des êtres privilégiés, tels que V. M., à qui la nature et la destinée offrent des dédommagements refusés aux autres hommes. Je ne suis. Sire, qu'un pauvre géomètre littérateur, tant bon que mauvais, qui souffre à la fois et de ses reins, et de son estomac, et du dépérissement de ses facultés corporelles et intellectuelles, et de l'impossibilité où il se trouve de charmer ses ennuis par le travail. Je n'ai l'avantage d'être, pour ma consolation, ni le plus grand capi-