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235. DE D'ALEMBERT.

Paris, 8 juin 1781.



Sire,

M. l'abbé de Boismont, homme de beaucoup d'esprit et de mérite, mon confrère à l'Académie française, me prie de mettre aux pieds de V. M. son profond respect, en lui présentant de sa part cette oraison funèbre de l'Impératrice-Reine. V. M. verra, à la page 20 de ce discours, et à la page 29, le juste hommage que l'éloquent orateur a rendu aux rares talents et au génie du grand Frédéric en tout genre. Quoique le discours ait été prononcé dans une chapelle, la présence de Dieu, Sire, n'a pas empêché l'auditoire d'applaudir avec transport à l'endroit qui regarde V. M., parce que l'orateur ne faisait qu'y exprimer avec énergie et vérité le sentiment de tous ceux qui l'écoutaient. M. l'abbé de Boismont, Sire, serait très-honoré et très-flatté d'obtenir le suffrage de V. M., qui le toucherait bien plus encore que tous les éloges donnés par le public à ce discours.

Permettez-moi, Sire, comme secrétaire de l'Académie française, de féliciter cette compagnie de l'honneur qu'elle se fait auprès de la nation par les hommages si fréquents et si justes qu'elle rend à V. M. dans presque toutes ses séances publiques, tant sacrées que profanes. Quand je ne serais pas depuis longtemps pénétré des sentiments d'admiration et de profond respect que je dois à V. M., je les aurais puisés, Sire, dans le commerce de mes confrères, qui vous regardent à juste titre comme le protecteur de la philosophie et des lettres, comme le chef et le modèle de ceux qui les cultivent.

C'est avec ces sentiments profonds et inaltérables que je serai toute ma vie, etc.

P. S. Je reçois à l'instant, Sire, et au départ de la poste, la lettre