<211> piquent en bourdonnant, tandis qu'ils ne touchent pas aux mouches, parce qu'elles sont plus tranquilles. Ceci n'est point dit à l'égard de la bonne Thérèse, qui, sortie du purgatoire par l'efficace des messes dites pour son repos, dévide maintenant son rosaire en paradis. Ces guêpes, ces frelons désignent un certain habitant des bords de la mer Baltique auquel vous rendîtes visite il y a une vingtaine d'années. Ces jours passés, je lisais ces vers :
César n'a point d'asile où son ombre repose,
Et l'ami Pompignan croit être quelque chose!a
Je répète souvent ces vers, surtout lorsque des bouches ou des plumes éloquentes distillent un encens élaboré et subtil qui entête et bouleverse une pauvre cervelle dépourvue de philosophie. Si les prêtres crient incessamment de leurs chaires : Point de raison! point de raison!b je voudrais qu'on dît tous les jours aux princes : Point d'orgueil! point d'orgueil! souviens-toi que ta première habitation a été entre l'intestinum rectum et la vessie.c Je conviens que si les Quélus, les Maugiron, les Luynes,d le vieux duc de Richelieu, en un mot, les courtisans de vos rois, avaient tenu des propos semblables à leurs maîtres, la fortune de ces favoris en eût été moins brillante; mais peut-être Henri III aurait moins persécuté les hérétiques, Louis XIII aurait plus ménagé le sang de ses sujets, il se pourrait que Gênes n'eût pas été bombardée sous Louis XIV, que la chambre de réunion n'eût pas été érigée, et que les Hollandais fussent demeurés en paix l'année 1672; et ç'aurait été un gain pour la pauvre humanité. C'est aux grands philosophes comme vous à prononcer sur des réflexions ébauchées par un pauvre Tudesque; en attendant, ma monade salue
a La Vanité, satire de Voltaire, juin 1760. Voyez ses Œuvres, édit. Beuchot, t. XIV, p. 172.
b Voyez t. XIX, p. 17 et 357.
c Réminiscence d'un passage de l'Homme aux quarante écus, par Voltaire, chap. VII; Œuvres, édit. Beuchot, t. XXXIV, p. 49 et 50.
d Quélus et Maugiron étaient les mignons de Henri III; Luynes était le favori de Louis XIII.