<240>pucinales représentations du prêtre électeur de Trêves, et les réponses très-militaires du César. Je ne sais si je me trompe, Sire, mais je crois que le César n'en restera pas là, et que tous ces préliminaires ne sont, comme l'on dit, que pour peloter en attendant partie. Malheureusement pour saint Pierre, la partie ne sera pas égale entre les joueurs. II me semble que tous les évêques des États du César, soit politique, soit satisfaction de ne plus dépendre de Rome, sont très-soumis aux volontés impériales. Ils le seraient de même partout, si les souverains savaient dire, Je veux à cette troupe, récalcitrante quand on la prie, mais très-docile quand on lui commande. Le saint-père se consolera de ses désastres germaniques avec la soumission italienne, la fidélité espagnole, et la catholicité française; car nous ne cesserons pas sitôt d'avoir l'honneur d'être très-catholiques, non plus que les Italiens d'être très-soumis, et les Espagnols d'être très-fidèles.
Voilà pourtant, Sire, ces Espagnols qui, malgré leur inquisition, viennent de prendre Port-Mahon. Ils sont, ce me semble, plus heureux que sages, et les Anglais un peu plus ineptes qu'ils n'étaient du temps de Marlborough et de mylord Chatham. On commence à croire que ces pauvres Espagnols, malgré leurs sottises multipliées au camp de Saint-Roch, finiront aussi par prendre Gibraltar, qui, à la vérité, montre un peu plus les dents que Port-Mahon n'a fait. Ce camp de Saint-Roch n'en fait pas plus, ce me semble, que la neutralité armée, dont nous attendons toujours, et jusqu'à présent assez en vain, les efforts sérieux pour réprimer l'insolence anglaise. Elle ferait bien mieux encore, si elle pouvait déterminer les Anglais à la paix, dont ils ont besoin ainsi que nous. Mais je crains, Sire, que cette paix ne soit pas aussi prochaine qu'elle est désirable.
Nos politiques des Tuileries, qui savent rarement ce qu'ils disent, parlent d'une menace d'invasion dans les États du vénérable sultan de la part de deux de nos voisins. Il serait plaisant que le César voulût à la fois chasser le pape et le Grand Turc : cela m'est fort indiffé-