<251> et faisant sa révolution en quatre-vingt-deux ans.a Le temps nous éclairera davantage; mais voilà, pour le présent, tout ce que je puis en apprendre à V. M.
Que dit-elle de la prise de Mahon, enlevé presque sans coup férir par un général médiocre et par les Espagnols? Il était écrit que cette place ne serait prise que par de pauvres généraux, Richelieu le premier, et Crillon le second; ce Crillon est le père de celui que V. M. vit il y a quelques années à Berlin avec le prince de Salm.b On dit qu'il va être chargé du siége de Gibraltar, qui pourra être de plus dure digestion. Mais enfin il faut espérer en la Providence, surtout en voyant les sottises multipliées des Anglais sur terre, sur mer, et dans le ministère. Puissent ces sottises bien répétées les forcer à la paix! car pour nous, nous ne demandons pas mieux que de la faire.
V. M. m'a rendu justice en me croyant très-innocent de l'ennui que lui a causé le mauvais livre de physique qu'on s'est avisé de lui envoyer comme de ma part. Elle doit avoir reçu un autre livre que j'ai eu l'honneur de lui envoyer, mais en l'avertissant bien que ce livre n'était pas fait pour être lu par elle, et que c'était seulement un hommage de l'université de Paris, pleine d'admiration pour le monarque philosophe, et de reconnaissance pour l'encouragement qu'il a bien voulu donner à un de ses élèves.
Je suis avec le plus profond et le plus tendre respect, etc.
a Proprement en quatre-vingt-quatre ans, huit jours, dix-huit heures.
b Voyez t. XXIV, p. 682 et 690.