<258>grets qu'il avait eus en particulier de ne m'y point voir.a Je suis très-touché de ses regrets, mais je ne me repens point du tout, et peutêtre moins que jamais, de n'avoir pas accepté ce qu'on m'offrait, et je n'oublierai de ma vie la conversation, très-intéressante pour moi, que j'eus à ce sujet avec V. M., à Clèves, en 1763.

Recevez, Sire, avec votre bonté ordinaire l'hommage le plus sincère de la tendre vénération avec laquelle je serai toute ma vie, etc.

P. S. J'ignore si V. M. a reçu l'ouvrage que j'ai eu l'honneur de lui envoyer de la part du collége Louis le Grand et de l'université de Paris, non pour être lu, mais comme un hommage de leur profond respect et de leur vive reconnaissance.

258. A D'ALEMBERT.

Le 5 juillet 1782.

Je vous avoue que, après avoir bien étudié les opinions des stoïciens, il m'a paru qu'ils avaient trop exalté la nature humaine. Leur amour-propre leur persuada que chacun possédait en soi une parcelle de l'âme de la nature, et que cette parcelle pouvait atteindre aux perfections de la Divinité, à laquelle elle se rejoignait après la mort de celui qu'elle avait animé. Ce système est beau et sublime; il n'y manque que la vérité. Cependant il y a de la noblesse à s'élever au-dessus des événements fâcheux auxquels nous sommes assujettis, et un stoïcisme qui n'est pas outré est l'unique ressource des malheureux. Toutefois il ne faut pas nous bouffir d'une idée de perfection


a Voyez t. XXIV, p. XII.