<265>duire par des fourbes, des fripons, faiseurs et commentateurs de fables puériles, et le nombre des sages sera toujours réduit à peu d'individus; le grand nombre d'imbéciles doit donc probablement prévaloir sur le petit nombre de ceux qui pensent, et qui savent faire usage de leur raison.
Si l'Empereur détruit des couvents, je rebâtis des églises catholiques qui étaient brûlées, je laisse à chacun la liberté de penser à sa guise,a et je crois que Fontenelle a dit très-sagement que s'il avait la main pleine de vérités, il ne l'ouvrirait pas, parce que le peuple n'en vaut pas la peine.b Cela n'est malheureusement que trop vrai. Un âne ploie sous le poids quand on l'a surchargé; mais un superstitieux porte tous les fardeaux dont son prêtre l'accable, sans s'apercevoir de la manière indigne dont il se trouve avili.
A l'égard des guerres présentes, je pense comme vous, et j'applaudirai aux efforts prodigieux des puissances belligérantes, si tous ces immenses préparatifs nous ramènent promptement la paix. J'ai fait une absence de trois semaines, et je n'ai point entendu parler pendant ce temps-là de l'abbé Raynal. On m'a dit qu'il a été chez mon frère;c je n'en sais pas davantage. Je souhaite que la coqueluche ou le mal du Nord vous guérisse de toutes vos infirmités, et que ni la vessie ni les poumons ne vous causent de ces fâcheuses distractions qui rendent la vie onéreuse et insupportable. Sur ce, etc.
Je crains que ma lettre ne vous égaye pas. Un peu de patience et le temps feront ce que la raison a inutilement entrepris.
a Voyez Character Friedrichs des Zweiten, par A.-F. Büsching, p. 124 et 125.
b Voyez ci-dessus, p. 254.
c Le prince Henri, à Rheinsberg.