<450> trouvé, en le relisant, que le traducteur a négligé de rendre en français quantité de passages latins où l'auteur a souvent concentré le plus essentiel de ses réflexions, j'ai entrepris de les expliquer à la marge, et mon copiste n'a pas encore achevé de les transcrire. Je ne puis d'ailleurs m'empêcher de dire à V. A. R. que, son exemple m'ayant remis dans le goût de lire des poëtes, j'ai trouvé une édition de Boileau qui me paraît excellente pour quiconque se plaît, soit à composer quelquefois des vers, soit à bien juger de ceux que d'autres font. Elle a été imprimée en 1729, en quatre volumes, à la Haye,a et illustrée de notes très-intéressantes pour un amateur de la poésie, puisqu'elles contiennent les différents changements que Boileau a faits lui-même dans ses poëmes, et les raisons pourquoi il les a faits. On trouve aussi dans le deuxième tome une Dissertation sur l'histoire de Joconde, dans laquelle le même poëte balance le mérite du fameux La Fontaine et de certain Bouillon, qui ont rimé l'un et l'autre cette historiette de l'Arioste. On ne peut rien lire de plus instructif en fait de poésie que cette Dissertation.
J'ose me promettre de l'indulgence de V. A. R. qu'elle ne prendra pas en mauvaise part la familiarité avec laquelle je lui rends compte de mes lectures poétiques, parmi lesquelles j'aurais dû nommer principalement un soi-disant Essai d'une nouvelle traduction d'Horace en vers français, par divers auteurs.b Je crois que c'est le même livre dont V. A. R. eut un jour la bonté de me parler à l'occasion de ma traduction de trois odes de ce poëte latin.
Je suis actuellement occupé à lire cet Essai, qui contient peut-être la sixième partie des Odes, Satires et Épîtres d'Horace, et je trouve
a Cette édition de la Haye nous est inconnue; peut-être le comte de Manteuffel veut-il parler des Œuvres de Nicolas Boileau Despréaux. Avec des éclaircissements historiques donnés par lui-même. Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée d'un grand nombre de remarques historiques et critiques. Enrichie de figures gravées par Bernard Picart le Romain. A Amsterdam, 1729, in-12. Le second volume renferme, p. 328-351, la Dissertation sur la Joconde.
b Amsterdam, 1727, in-8.