<454>Permettez donc que, à la faveur d'une licence que je crois autorisée, je vous découvre le fond d'un cœur qui ne met aucun frein aux prospérités qu'il souhaite à ses amis, et espère pouvoir encore cette année vous écrire sous un autre titre que celui de prince d'Orange simplement, et que les Bataves ouvriront les yeux à leurs véritables intérêts, et, pour rétablir leur ancienne valeur, l'intrépidité, l'ordre parmi les troupes et la règle dans le gouvernement, vous mettent à la tête de leur république, dont vous serez le plus bel ornement et l'appui. Puissent vos vœux être des présages pour l'avenir! Cependant, de quelque façon qu'il plaise au ciel d'en disposer, je vous prierai de croire, mon cher prince, que ce n'est pas à la fortune ou à ses idoles, mais au cœur et à la personne que je m'attache. Ce sont des sentiments si profondément enracinés en moi, que je ne m'en départirai de ma vie, me faisant gloire de vous montrer en toute occasion comme je suis,
Monsieur mon cher cousin,
Votre très-fidèle et affectionné ami et cousin,
Frederic, P. R. de P.
10. DU COMTE DE MANTEUFFEL.
Berlin, 11 février 1786.
Monseigneur,
Votre Altesse Royale me met à une épreuve terrible en m'ordonnant de faire la critique de sa lettre au prince d'Orange; jamais je ne me vis dans un tel embarras. Dois-je lui obéir, au risque d'y échouer?