<462> réparer ce défaut, quoique je sois persuadé que ceux de ce poëme n'auront pas échappé à la pénétration et au bon goût de V. A. R. Je les exposerai le plus laconiquement que faire se pourra.
1o Considérant cette ode en gros, il me semble que son auteur n'a jamais lu l'Art poétique de Boileau, ou qu'il a oublié la salutaire leçon par laquelle ce maître poëte en commence le premier chant, et la description qu'il nous donne d'une ode sans défauts, dans le deuxième chant. V. A. R. sachant presque tout son Boileau par cœur, je crois me pouvoir dispenser de rapporter ces deux passages.
2o Cette ode a un défaut que n'eut jamais aucune pièce raisonnable : c'est qu'on a beau la lire et relire, à moins que d'être sorcier, on ne saurait deviner pour qui elle est faite, sans regarder au titre. On comprend, à la vérité, par la dernière strophe, qu'il s'agit d'un jour de noces qui finit comme finissent toutes les noces du monde (idée qui serait excusable tout au plus dans quelque poëme badin, mais qui devient une sottise dans une pièce si grave); mais, à cela près, il n'y a pas de syllabe dans toute l'ode qui ne puisse s'appliquer aux noces de tous les grands princes de l'univers.
3o Les trois quarts des strophes sont prosaïques, remplies de chevilles inutiles, de pensées froides et triviales; tout le reste est du galimatias où je trouve à peine un sens.
4o Les expressions de nobles amants, de noble choix, et tant d'autres, vaudraient mieux, ce me semble, et seraient plus convenables à la description d'un bon mariage bourgeois qu'à l'hyménée de la fille d'un empereur romain.
5o Ce qui me semble mettre le comble à l'ignorance crasse de l'auteur de l'ode, ce sont les saintes déités du Parnasse. V. A. R. a-t-elle jamais lu ou entendu dire que les Muses, que les divinités païennes aient été appelées des déités, et qu'on leur ait appliqué l'épithète de saintes? Cette seule incongruité empoisonnerait toute la pièce, fût-elle d'ailleurs aussi bonne qu'elle me paraît détestable. Aussi finirai-