<465>cun de ceux que l'antiquité nous vante, si son orgueil n'avait pas empêché sa sœur de se marier avec un homme dont le bien les aurait pu tirer de leurs dettes. Enfin, pour abréger, il n'y a pas un sage, parmi les païens, dont des vices et des défauts éclatants n'aient flétri les côtés vertueux.
Il ne me reste qu'à prouver que les sages professeurs de la morale chrétienne les surpassent, ou les égalent du moins. Leur morale, à la vérité, aussi bien que la païenne, concourt au soutien de la société; mais ils la pratiquent ou doivent la pratiquer par de plus nobles principes. Celui qui nous engage à aimer la vertu pour l'amour d'elle-même me paraît bien épuré. Mais considérez ce Dieu que j'adore.a Voyez quelle harmonie merveilleuse de qualités possédées toutes dans un degré éminent et infini de perfection. Sa sagesse vous saute aux yeux en tout et par toutes ses œuvres; sa bonté ne peut être ignorée d'aucun être intelligent, car c'est à elle que nous devons notre existence et tout le bien qui nous arrive; sa justice se manifeste par de certaines punitions, qui suivent toujours le crime; la cruauté, par exemple, n'est-elle pas punie par l'horreur et l'aversion en laquelle nous avons ces monstres qui l'exercent, etc.? Enfin, la considération de ces perfections est un cours de morale achevé, qui, par la beauté et la pureté de ses préceptes, se fait aimer, et nous invite à les pratiquer. Venons aux exemples.
Quel mépris de la mort ne montra pas saint Étienne lorsque, accablé des pierres que lui jetaient ses ennemis, il pardonna à ses bourreaux, et mourut avec toute la constance possible?b Quelle générosité que celle de ce roi de Francec qui, de duc d'Orléans qu'il était, parvint à la couronne! Lorsque quelqu'un de ses courtisans le fit souvenir de punir ceux qui lui avaient causé des chagrins avant qu'il fût
a Voyez t. XIV, p. III et IV, no III, et p. 7-19; t. XVI, p. 381.
b Actes des apôtres, chap. VII, v. 58 et 59.
c Louis XII.