<513> dit, ainsi fait. Hoym, après s'être fait longtemps tirer l'oreille (car V. A. R. peut compter qu'il ne fil que semblant d'être tiré par ses cheveux, afin de se faire accorder des conditions d'autant plus avantageuses), arriva en Saxe.
Il y débuta d'abord sur l'ancien pied, en me témoignant toujours beaucoup d'amitié et de confiance; mais je ne fus pas longtemps sans m'apercevoir qu'il me trompait. Non seulement j'en fus averti de tous les côtés, mais il y eut même des occasions où il ne put se dispenser de se démasquer. Les comtes de Flemming et de Watzdorf étant morts dans ces entrefaites, nous fûmes, Hoym et moi, les chefs des partis, et, pendant quelque temps, à nous jouer toutes sortes de louis sous cape. Mais mon génie n'étant pas fait pour des coups fourrés, mon associé et d'autres faux amis s'étant attachés à la faveur naissante de Hoym, et le Roi lui-même, naturellement porté pour les nouveautés, semblant lui marquer plus de confiance qu'à moi, je pris le parti de rompre ouvertement avec lui, un ennemi déclaré étant toujours moins redoutable qu'un ennemi caché. Là-dessus il se passa des scènes fort rudes entre nous, mais avec cette différence que Hoym fut toujours l'assaillant, m'attaquant par les tours du monde les plus noirs, et que, de mon côté, je me tins toujours sur la défensive, m'enveloppant de ma probité et d'une conscience sans reproche. Ce bouclier me mit à couvert de tout malheur. Le Roi, quelque changeant qu'il fût naturellement, ne voulut jamais me condamner, à moins que je ne fusse convaincu de quelque forfait. Le refus que je fis publiquement, tant de bouche que par écrit, d'épouser ses nouveaux principes, me servit plus qu'il ne me desservit dans son esprit. C'est ce qui détermina enfin le comte de Hoym à se défaire de moi en me faisant un pont d'or que je ne balançai pas d'accepter, convaincu que j'étais que la partie devenait de jour en jour plus insoutenable.