204. DE D'ALEMBERT.
Paris, 3 janvier 1779.
Sire,
Je prends la liberté de mettre aux pieds de Votre Majesté l'ouvrage que j'ai eu l'honneur de lui annoncer dans ma lettre du 1er janvier, et que je remets à M. de Rougemont pour le faire parvenir à V. M. Elle y trouvera, dans la note sur la statue de M. de Voltaire, page 523 et suivantes, et de plus à la page 521, l'expression des sentiments si justes que lui doivent l'humanité, la philosophie, les lettres et l'Europe. Je n'ai été, Sire, que le faible interprète de ces sentiments, dignes d'être célébrés par une plume plus éloquente que la mienne. Je suis seulement fâché de n'avoir reçu qu'après l'impression de cet ouvrage le bel Éloge que V. M. a fait de M. de Voltaire, et dont je n'aurais pas manqué de parler; mais cet événement, déjà célébré en France par la voix unanime de tous les gens de lettres, ne sera pas oublié par moi dans une autre occasion, que les circonstances feront bientôt naître.
Oserais-je supplier V. M. de vouloir bien me faire dire par M. de Catt si elle a reçu un ouvrage que j'ai eu l'honneur aussi de lui envoyer il y a quelque temps par M. de Rougemont, et qui a pour titre : Nouveaux éléments de la science de l'homme? M. Barthès, savant médecin de Montpellier, et auteur de ce savant livre, y avait joint une<135> lettre par laquelle il mettait son ouvrage aux pieds de V. M., et la suppliait en même temps de vouloir bien l'honorer d'une place d'associé étranger dans l'Académie de Berlin. J'ose assurer V. M. que M. Barthès est très-digne de cet honneur par son profond savoir et par ses lumières. L'auteur de cet ouvrage désire de savoir si V. M. l'a reçu, ce qu'elle en pense, et s'il peut espérer d'en obtenir la grâce qu'il lui a demandée.
Je suis avec le plus profond respect et la plus tendre vénération, etc.