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V. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC LE COMTE DE ROTTEMBOURG. (30 OCTOBRE 1742 - 5 AOUT 1751.)[Titelblatt]

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1. AU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Charlottenbourg, 30 octobre 1742.



Mon cher comte de Rottembourg,

J'ai été bien aise d'apprendre, par la vôtre du 27 de ce mois, que vous avez eu assez de forces pour vous rendre à Cüstrin, et que vous avez trouvé votre régiment en bon ordre. Je me réjouirai surtout si votre état vous permet de venir un jour ici, ce qui conviendra peut-être à la situation de votre santé, qui y trouvera plus de ressources par les conseils des médecins et chirurgiens de Berlin. Je suis, etc.569-a

2. AU MÊME.

Le 1er novembre 1742.



Mon cher Rottembourg,

J'ai toujours ouï dire en rhétorique que les discours les plus laconiques étaient les meilleurs; vous jugerez donc, s'il vous plaît, de mon éloquence par le billet ci-joint, vous assurant que je souhaite de tout mon cœur d'apprendre bientôt des nouvelles de votre con<570>valescence. Personne ne s'y intéresse davantage que moi; c'est de quoi je puis vous assurer. Adieu.

3. AU MÊME.

Potsdam, 3 mai 1743.



Mon cher Rottembourg,

Nous avons joué aux barres, car vous êtes sorti de Berlin par une porte, lorsque j'y suis entré par une autre. Puisque vous voulez bien vous charger de la commission des danseurs, je vous dirai que je donnerai seize cents écus de notre monnaie au maître de ballets,570-a douze cents à la première danseuse,570-a et quatre cents au figurant qui viendra dans la place de Devos. Vous m'en ferez avoir, pour cet argent, du meilleur acabit qu'on en pourra trouver. Les Anglais et les Français en sont à présent à leurs premières rodomontades; je ne sais point si je me trompe, mais je crois que c'est le préambule du combat d'Arlequin et de Polichinelle. Le Roi mon oncle va à présent tout de bon se mettre à la tête de son armée,570-b qui s'assemble à Wiesbaden, apparemment pour se fortifier par les bains au combat. Adieu, cher Rottembourg; j'espère de vous revoir en bonne santé et de vous embrasser bientôt.

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4. AU MÊME.

Charlottenbourg, 8 juin 1743.

J'ai bien reçu votre lettre du 28 de mai, par laquelle vous me mandez votre heureuse arrivée à Aix, et ce que vous avez remarqué en passant dans voire voyage, outre les nouveautés dont vous me régalez touchant le régiment hanovrien et la conversation que vous avez eue avec le prince George de Hesse. Je vous en tiendrai bon compte, et vous me ferez plaisir de me continuer vos relations de ce que vous jugerez digne de mon attention. N'oubliez pas celle qui regarde l'état de votre santé, dont je souhaite un parfait rétablissement. Sur ce, etc.571-a

5. AU MÊME.

Magdebourg, 22 juin 1743.



Mon cher Rottembourg,

J'ai été véritablement réjoui en voyant par votre lettre que les eaux et les bains vous font du bien. Je suis bien aise que vous soyez satisfait du conseil que je vous ai donné de vous en servir. Ce sont les eaux par excellence, comme mes troupes le sont en fait de soldats.

A propos de troupes, j'ai vu mes régiments, qui sont en fort bon état; l'infanterie est admirable comme à son ordinaire, mais la cavalerie recommençait à redevenir lourde, et les officiers à s'engourdir. Je les ai secoués d'importance, et s'ils ne rentrent en train, ce ne sera sûrement pas ma faute. Ils sont obligés d'exercer tous les jours et en<572> corps, ce qui leur fait un bien infini. Je fais parler les officiers, et j'espère qu'à la fin ils ne seront plus muets, et penseront plus sérieusement au service qu'ils ne l'ont fait par le passé.

Je vous avoue, quelque mauvaise opinion que j'aie eue du vieux Broglie, que sa conduite surpasse tout ce que je pouvais imaginer de lâche et d'inepte de lui.572-a Je crois que tous les officiers qui ne sont pas dans leurs troupes s'en peuvent féliciter, car jamais il n'y a eu d'exemple d'une plus grande pusillanimité que dans les Français et les Suédois de nos jours. Les Hessois peuvent être, selon moi, des troupes bien entretenues, mais non pas bien disciplinées. Je sais le travail qu'il faut mettre pour les tenir en ordre, et je sais ce qu'il m'en coûte, avec les troupes que j'ai, pour les maintenir dans l'étal où elles doivent être.

Je pars le 4 du mois prochain pour la revue de Poméranie, où je trouverai encore assez de besogne. Adieu, cher ami; ne m'oubliez point, et si vous apprenez quelque chose de curieux, mandez-le-moi.

Mes compliments à tous mes chers officiers qui prennent les bains.

6. AU MÊME.

Rheinsberg, en chemin pour Stettin,
3 juillet 1743.



Mon cher Rottembourg,

Non, je ne veux plus entendre nommer le nom français; non, je ne veux plus que l'on me parle de leurs troupes et de leurs généraux.<573> Noailles est battu.573-a Par qui? Par des gens qui ne savent pas faire une disposition, et qui n'en ont fait aucune. Je ne vous en dis pas davantage, et je ne saurais en dire plus.

Vous faites bien de rester à Aix jusqu'à ce que votre guérison entière s'ensuive. J'ai encore des voyages à faire, mais je suis presque déterminé, à mon retour de Silésie, d'aller à Aix, car ma santé n'est point comme je pourrais la désirer.

Adieu, cher Rottembourg; le ciel vous conserve, les eaux vous guérissent, et que l'amitié que vous avez pour moi soit toujours la même!

Ce n'est pas pour des revues que j'ai besoin de vous, mais pour quelque chose de plus solide.

7. AU MÊME.

Potsdam, 13 juillet 1743.



Mon cher Rottembourg,

Voilà bien du bruit pour peu de chose, et bien des gens tués inutilement, comme vous le dites très-bien. Cette victoire tant criée du roi d'Angleterre se réduit au seul champ de bataille, qu'il a maintenu, et perte égale des deux côtés.

Vous faites bien de rester à Aix pour vous faire guérir radicalement, sans quoi vous seriez obligé de revenir pour la seconde fois à ce désagréable voyage.

Je pars dimanche pour la Silésie. J'ai été extrêmement content<574> de tout ce que j'ai vu à Stettin, et surtout du régiment de Baireuth, dont je puis me servir comme de cavalerie pesante, comme de dragons, comme de hussards, et comme de fantassins; c'est sans contredit le modèle des dragons, et qui, selon l'apparence, à en parler humainement, doit faire des merveilles.

J'ai à présent le dessein de remonter tous les surnuméraires de la cavalerie, ce qui me fera une augmentation de quinze cents chevaux dans l'armée. Cela se fera l'année qui vient; j'espère que vous l'approuverez. Adieu, cher Rottembourg; Dieu vous donne vie, santé et contentement!

8. DU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Aix-la-Chapelle, 23 juillet 1743.



Sire,

J'ai reçu la lettre du 13, dont Votre Majesté m'a honoré. Je suis charmé que vous ayez été content de la revue de Stettin. Rien ne me fait plus de plaisir que de voir que la cavalerie a été bien en ordre, surtout le régiment de Baireuth. J'ai trouvé toujours cedit régiment fort beau; je désirerais bien, Sire, que ma revue de Cüstrin eût le même sort, et que vous ayez trouvé mon régiment en ordre. Je suis au désespoir de n'avoir pu m'y trouver; je puis assurer V. M. que, aussitôt que je serai rétabli, je ne négligerai rien pour être plus exact que jamais à votre service. Je n'ai, en vérité, d'autre but au monde que d'avoir le bonheur de vous plaire et de me faire une réputation dans mon métier, ce qui, je le sens fort bien, ne se peut faire sans beaucoup d'application et de peine. Pour dire le vrai, j'ai trop de vanité pour rester dans le médiocre, et si je savais de ne pouvoir parvenir<575> à ce but, j'aimerais mieux quitter dès aujourd'hui. Je me flatte, mon cher maître, que vous approuverez ces sentiments.

J'ai été le 18 de ce mois à Mastricht .......

Il ne me reste qu'à renouveler les assurances du très-profond respect avec lequel je suis,



Sire,

de Votre Majesté
le très-humble et très-obéissant serviteur
et fidèle sujet,
Rottembourg.

9. AU COMTE DE ROTTEMBOURG.

(Juillet 1743.)



Mon cher Rottembourg,

Je vous suis bien obligé de la peine que vous avez prise, pour le public et pour moi, de vouloir mettre à la raison le grand baladin de l'Opéra. Comme il me semble qu'il doit y avoir mesure à tout, et que les gages des personnes utiles à l'État doivent être infiniment supérieurs aux pensions de ceux qui ne le servent que par des gambades, j'ai résolu d'accorder, à la vérité, deux mille écus à Poitier et une somme pareille à la Roland; mais je ne saurais me résoudre à payer mille écus pour les deux enfants, qui ne peuvent faire ni service, ni plaisir au public; et si Poitier ne devient pas plus raisonnable sur ce chapitre, je serai obligé de le laisser partir avec tout son mérite. Je conçois que nous ne trouverons peut-être pas mieux en France; mais ceux qui viendront le remplacer ne coûteront pas tant.<576> et n'auront pas d'enfants, à ce que j'espère. Si Poitier veut, je lui promettrai de prendre ses enfants en service dès qu'ils seront d'âge, et de conserver sa pension au père, lors même qu'il ne sera plus en état d'aller.

Aujourd'hui j'ai exercé le premier bataillon, ce qui va fort bien. Nous avons ici une pécore qui se nomme le comte de Linange. Il ne peut être comparé qu'à nos goujats de l'armée du côté de l'esprit : je le mettrai dans l'olla de l'augmentation, où il servira de pièce de résistance, mais assurément pas d'épicerie.

Pöllnitz est malade; Fouqué boit du vin de Hongrie, et perd aux échecs; Keyserlingk boit de l'eau, et écrit des élégies à sa belle; le duc576-a boite, joue, et craint la rhubarbe; et votre petit serviteur vous assure de toute son estime et de tout son attachement. Vale.

10. AU MÊME.

Potsdam, 17 août 1743.



Mon cher Rottembourg,

Je ne vous écris aujourd'hui que des coïonneries. Voici un morceau d'une lettre de Voltaire,576-b que je vous prie de faire tenir à l'évêque de Mirepoix par un canal détourné, sans que vous et moi paraissions dans cette affaire. Mon intention est de brouiller Voltaire si bien en France, qu'il ne lui reste de parti à prendre que celui de venir chez moi.

<577>La seconde coïonnerie dont je vous entretiens est l'évasion du sieur Poitier de Berlin, avec la demoiselle Roland. Je vous prie de voir comme vous ferez à Paris pour remplacer ces deux sujets, et je crois même que pour cet effet il sera bon de se hâter, afin que nous puissions avoir cette troupe cabriolante avant l'hiver; j'en ferai aussi écrire à Chambrier.577-a

Je ne viens point à Aix, n'en ayant pas le temps. Adieu, cher ami que j'aime de tout mon cœur.

11. AU MÊME.

Potsdam, 27 août 1743.



Mon cher Rottembourg,

Je souhaiterais d'apprendre que toutes vos esquilles fussent une bonne fois sorties de vos plaies, car je vous avoue que je serai en peine pour vous, tant que ce bras ne sera pas totalement fermé. Je ne m'étonne point du petit congrès qui se tiendra à Aix, mais il ne produira rien; il en est de cette guerre comme de ces abcès qui se forment, que l'on ne guérit point, si on tente de les ouvrir trop tôt, mais où l'on réussit lorsque, après que la matière est bien cuite, on y fait une incision. Ces messieurs vos politiques me font bien de l'honneur de penser à moi, pendant que le roi d'Angleterre m'éclipse; mais vous savez qu'en ce monde un chacun a son tour. Je travaille dans mon intérieur; je fais fortifier la Silésie avec tout l'effort possible; je complète mon augmentation; je remplis mes arsenaux et mes magasins; je règle mes finances; je paye les dettes de l'État; et voilà à peu près où se bornent<578> mes occupations,578-a très-persuadé que l'on n'est grand au dehors qu'à proportion que l'on est puissant et bien arrangé dans son intérieur.

Le régiment de Würtemberg est complet, à deux cents hommes près; celui de Darmstadt est déjà de neuf cents hommes; les grenadiers de l'augmentation sont complets, à peu de chose près; le régiment de Dossow se forme, et le reste de mes augmentations va fort bien; de façon que, sans exagération, mes dix-huit mille hommes seront complets au mois de mai de l'année qui vient.

Je fais un petit voyage à Baireuth et Ansbach pour entendre moi-même la façon de penser des petits princes, et pour pressentir leurs sentiments;578-b je ne serai de retour que le 24 de septembre, que vous me ferez plaisir de vous rendre ici.

Je vous prie, faites bien parvenir par un canal détourné à l'évêque de Mirepoix les vers de Voltaire. Je voudrais le brouiller pour jamais avec la France; ce serait le moyen de l'avoir à Berlin.

J'ai envoyé à Chambrier toute une étiquette de maîtres de ballets, dont il doit choisir le meilleur et la meilleure danseuse pour l'Opéra de cet hiver.

Adieu, cher Rottembourg; je fais mille vœux pour votre santé, vous priant de me croire avec toute l'estime et l'amitié imaginable, etc.

EXPRESSIONS DE VOLTAIRE.

Ah! que le précepteur de notre roi est différent du précepteur de notre dauphin!578-c

Non, non, pédant de Mirepoix,
Prêtre avare, esprit fanatique,

<579>

Qui prétends nous donner des lois,579-a
Tel qu'un vieux prieur séraphique
Dans un cloître de Saint-François,
Cuistre imbécile et tyrannique,
Fait pour chanter à haute voix
Ton rituel soporifique579-b
Dans un couvent de Saint-François,
Sur moi tu n'auras point de droits.
Loin de ton ignorante clique,
Loin du plus stupide des rois,
Je vais oublier à la fois
La sottise de Mirepoix
Et la sottise académique.579-c

12. AU MÊME.

Potsdam, 1er septembre 1743.



Mon cher Rottembourg,

Vous recevrez ma lettre sur votre retour, à ce que je pense, car vous partez demain. Je souhaite de tout mon cœur que votre santé se remette tout à fait, car personne assurément n'y prend plus de part que moi. Vous aurez assurément vu, par le mémoire du comte<580> de La Marck,580-a que les Français voudraient beaucoup que je leur lirasse l'épine du pied. Il y a dans toutes les choses qu'il dit quelque peu de vérités; mais cet homme connaît si peu mon État, mon système et la politique convenable au bien du pays, qu'il raisonne à peu près comme un gazetier. Il me semble que l'on peut assez s'en rapporter à moi : je n'ai point jusqu'à présent négligé mes intérêts; mais je suis toujours du sentiment qu'il faut avoir tous ses arrangements domestiques faits avant que de penser aux extérieurs. Neisse, Glatz et Cosel ne s'achèveront que l'année qui vient; mon augmentation ne sera faite qu'au printemps prochain, et dix-huit mille hommes de plus valent seuls la peine qu'on les attende. Enfin je n'ai jamais vu que l'on ait fait le procès politique à quelqu'un pour avoir commencé la guerre trop tard; mais il faut être patient et attendre les conjonctures, et je suis bien aise de voir que dans celle occasion je retiens mieux ma vivacité naturelle que le public ne l'augure.

J'espère que nous aurons un baladin et une cabrioleuse, sans quoi notre Opéra aura l'air un peu déshabillé. Votre lettre anonyme est tout au mieux; je crois qu'elle portera coup. Adieu, cher ami; au plaisir de vous revoir.

13. AU MÊME.

Ce 14 (octobre 1743).



Mon cher Rottembourg,

Je suis bien aise d'apprendre que vous avez trouvé tout en assez bon état dans votre régiment. J'espère que vos soins redresseront<581> encore cent petites bagatelles qui manquent, et qui sont cependant nécessaires.

Les nouvelles que l'on a du Rhin marquent que le roi d'Angleterre s'est retiré de Spire jusqu'à Mayence dans cinq marches forcées, ce qui provient, dit-on, faute de subsistances. Le roi breton et bretteur581-a part pour Hanovre, les troupes vont dans leurs quartiers d'hiver,581-a et les négociations reprendront apparemment leur train de nouveau jusqu'à la campagne prochaine. Lani581-b est engagé en France pour nos plaisirs de l'hiver; mais la Barbarin581-c ne pourra venir qu'au mois de février, étant déjà engagée à Venise. A propos de baladins, Voltaire a déniché, je ne sais comment, la petite trahison que nous lui avons laite, et il en est étrangement piqué; il se défâchera, j'espère. Je ne vous parle point de nos nouvelles, je suppose que tout le monde vous les mande. Adieu, cher Rottembourg; plus d'esquilles, moins de gravelle, et d'autant plus de bonne humeur et de santé.

14. AU MÊME.

(Berlin, 9 novembre 1743.)



Mon cher Rottembourg,

Vous faites fort bien de manœuvrer avec votre régiment; c'est le seul moyen de le mettre en ordre. Comme l'exercice continu d'une chose est absolument nécessaire pour entretenir l'usage d'une connaissance ou pour l'acquérir, il est indubitable que ces soins en temps de paix<582> produiront le denier cinquante en temps de guerre, et que l'on s'en saura bien bon gré alors.

Mes chapons d'Italie viennent d'arriver;582-a on dit qu'ils sont d'un acabit admirable, et qu'ils feront tourner la tête à tout Berlin, tant ils chantent bien. Lani arrivera bien tard, s'il ne vous joint que le 15 de novembre. Comment aura-t-il le temps de faire les ballets?

Je ne sais ce que Voltaire fera ni dira de nous; mais je vous ai rapporté son fait tel que je l'ai ouï de sa bouche, quitte à essuyer quelques brocards.

Je suis fort fâché d'apprendre que vous ayez encore eu la colique; je crois que vous ne vous tenez pas assez chaudement; lorsque l'on a de pareils accidents, il faut fort se précautionner contre le froid, et c'est un soin essentiel.

Adieu, cher Rottembourg; je prie Dieu de vous avoir dans sa sainte et digne garde.

15. AU MÊME.

Berlin, 21 novembre 1743.

J'ai été bien aise de voir par votre lettre, que vous venez de m'écrire du 16 de ce mois, que vous avez fait un accord avec un entrepreneur pour la livraison des chevaux de remonte pour votre régiment.

Quand la saison ne vous permettra plus de manœuvrer avec le régiment, vous devez venir me voir à Berlin. Et sur ce, etc.582-b<583> Lani est arrivé, qui danse très-bien; mais sa sœur est presque trop enfant.583-a

16. AU MÊME.

Breslau, 17 mars 1744.

La présente n'est que pour vous demander s'il n'y a pas, là où vous êtes,583-b un homme de votre connaissance qui, avec de l'esprit et de la lecture, ait vu le monde, qui ait de bonnes manières, qui eût la langue déliée, mais qui avec cela ne fût point d'un caractère malfaisant, et qui fût en tout dans le goût de Pöllnitz, et capable de le remplacer.583-c S'il y a un tel sujet de votre connaissance, je serais bien aise si vous pouviez l'engager dans mon service, à raison d'un appointement de douze cents écus que je lui donnerais par an. Vous n'oublierez point de m'en faire votre rapport. Et sur cela, etc.583-d

<584>

17. DU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Paris, 30 mars 1744.



Sire,

J'ai reçu la lettre dont Votre Majesté m'a honoré du 10 de ce mois, de Potsdam, par laquelle elle m'ordonne de lui faire avoir deux bons maîtres chirurgiens et douze ou quatorze garçons. Je me suis adressé à M. Petit, qui est le plus habile chirurgien de Paris et fort de mes amis, pour me faire avoir de bons sujets; il les a trouvés, et il m'assure qu'ils sont admirables. Les deux maîtres ne veulent pas venir à moins de trois mille six cents livres par an chacun, et les garçons à cent livres par mois; ce qui fait, en argent de notre pays, neuf cents et quelques écus pour chaque maître, et, pour les garçons, chacun trois cents écus. Voilà, Sire, le meilleur marché que j'aie pu tirer, et je les ai engagés, à condition que V. M. en serait contente. J'attends donc vos ordres sur cela. Ils demandent aussi à être défrayés de leur voyage à Berlin. Vous aurez donc la bonté de fixer la somme que vous leur destinez pour cela, et de m'envoyer l'argent nécessaire, afin que je les puisse faire partir le plus tôt que faire se pourra, en cas que le marché vous convienne.

Je vous ai aussi acheté deux tableaux admirables de Lancret,584-a qui sont des sujets charmants et très-gais; ce sont les deux chefs-d'œuvre de ce peintre; je les ai de la succession de feu M. le prince de Carignan, qui les a payés à ce peintre, dans le temps qu'il a été encore en vie, dix mille livres, et je les ai eus pour trois mille livres, ce qui fait sept cent cinquante écus de notre monnaie, que je vous prie, Sire, de me faire remettre pour les payer. Je suis aussi en marché pour vous avoir des Watteaux.584-a Il est très-difficile de trouver des tableaux de ces deux maîtres; mais V. M. se pourra flatter d'avoir<585> deux sujets aussi bien traités et aussi agréables qu'il y en a dudit peintre; de plus, ils sont d'une belle grandeur pour bien orner votre nouvel appartement, où vous comptez les mettre, ce qui585-a été fort difficile à trouver, ce peintre n'ayant guère travaillé qu'en petits tableaux.

Le maréchal de Noailles part d'ici pour se rendre à son armée le 22 avril, et tous les généraux de son armée le précéderont de deux jours. Le maréchal de Noailles commandera dans les trois évêchés, et se tiendra à Metz, dans son gouvernement. On m'a assuré pour très-sûr que le Roi fera la campagne,585-a et pendant que S. M. sera en campagne, madame la duchesse de Châteauroux, avec d'autres dames, ira à Saint-Amand, qui est en Flandre, sous prétexte d'y prendre des eaux.

Tout le monde veut que le comte de Saxe sera fait maréchal de France; et comme il est luthérien, et qu'il faut faire abjuration, on lui donne trente ans pour faire le serment entre les mains du Roi. J'ai vu hier cedit comte; il a toujours des projets aussi extraordinaires qu'à son ordinaire.

Je ne vous mande rien de ce qui regarde les flottes, Sire, M. de Chambrier vous ayant instruit de cela, et qu'il est inutile de vous en faire des répétitions continuelles.

L'armée de M. le maréchal de Noailles en Flandre sera forte de quatre-vingt-quatorze bataillons et de cent soixante-huit escadrons. Le bataillon doit être de six cent quatre-vingts hommes, mais je suis sûr qu'ils ne sont effectivement que de six cents; les escadrons sont de cent cinquante, et complets en hommes et chevaux.

L'armée de M. le maréchal de Coigny sur le Rhin sera de soixante bataillons et de cent escadrons, et il y aura des troupes à portée de l'Alsace pour renforcer cette armée, en cas que le prince Charles y porte des forces considérables.

<586>Je vous envoie ci-joint, Sire, des vers qui ont été faits sur M. de Voltaire.

J'espère, Sire, que vous aurez la bonté de me permettre de revenir aussitôt que nos affaires seront arrangées ici. Je suis avec un très-profond respect, etc.

18. AU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Potsdam, 7 avril 1744.

Bien que les appointements que les deux maîtres chirurgiens que vous avez engagés demandent pour eux et pour leurs garçons soient un peu forts, néanmoins je ne veux point marchander là-dessus, sinon que vous devez tâcher de faire le contrat avec eux sur la somme ronde de cinq mille écus par an. Je leur payerai aussi les frais de leur voyage à Berlin, aussitôt que vous serez convenu avec eux sur la somme qu'il leur faut pour cela, et que vous m'en aurez fait votre rapport; après quoi vous les pourrez faire partir vers ici.

J'ai donné mes ordres aux banquiers Splitgerber et Daum de faire payer par leurs correspondants la somme de mille écus au sieur de Chambrier. Vous prendrez d'avance de cette somme les sept cent cinquante écus que vous avez payés pour les deux tableaux de Lancret, et le reste servira pour subvenir aux frais pour les courriers que vous êtes obligé à m'envoyer. Comme je me doute d'avance que cette somme modique ne suffira point pour l'envoi des courriers, mon intention est que vous devez me mander combien d'argent il vous faut encore à cet usage, puisque j'ignore absolument à combien va la dépense pour un de ces courriers. C'est pour cela que vous<587> devez me nommer la somme qu'il vous faut, après quoi je ne manquerai pas de vous la fournir.

Quant aux tableaux dont j'ai besoin pour orner mon nouvel appartement, il m'en faut trois; ainsi vous lâcherez d'avoir, avec les deux tableaux de Watteau dont vous êtes en marché, encore un du même maître, mais qui soit d'un travail exquis, et de la même belle grandeur que les deux autres. Et sur cela, etc.587-a

Si vous trouvez des pommades d'Italie qui sentent bon, des poudres parfumées, de bonnes senteurs, vous me ferez plaisir de m'en apporter, des jambons de neige, de la perce-pierre, et de me commander cent sarments de vigne, dont il peut être quarante de muscat et les autres des meilleures espèces.587-b

19. DU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Paris, 10 avril 1744.



Sire,

J'ai reçu la lettre que Votre Majesté m'a fait la grâce de m'écrire du 30 mars, à son arrivée à Berlin; elle peut compter que je tâcherai d'y répondre aussitôt qu'il me sera possible, sans perdre de temps.

Je ne vous mande pas de nouvelles, voyant par les lettres de M. de Chambrier qu'il vous instruit de tout ce qu'il y a de nouveau, et que je ne veux pas le répéter.

Le comte de Saxe a été déclaré, il y a trois jours, maréchal de<588> Fiance; mais il n'aura pas session à la connétablie, qui est le tribunal des maréchaux de France, où ils jugent tous les différends qui arrivent parmi la noblesse, à cause que ledit comte de Saxe n'est pas catholique; mais il aura d'ailleurs tous les honneurs militaires attachés à sa charge.

La France a pris un parti fort sage : c'est de mettre Ions les jeunes gens qui ne sont pas bien forts et robustes des régiments dans la milice; et on a choisi dans les milices les plus beaux hommes pour recruter les régiments. De cette façon, cela donnera le temps à ces jeunes gens de se former et de devenir assez robustes pour porter les armes l'année qui vient, s'il est nécessaire.

M. le comte de Saxe m'a dit, Sire, que M. d'Osten, qui est celui qui commande son régiment de uhlans, lui joue toutes sortes de tours, et qu'il n'est pas fidèle sur le compte d'argent. Je doute fort que ce régiment devienne jamais complet, du moins jamais en Tartares, comme en était le premier projet.

Je me suis donné toutes les peines du monde pour vous trouver un homme propre à remplacer Pöllnitz; je ne l'ai pas encore trouvé, mais j'ai en vue un très-bon sujet. Si je le puis avoir, je crois que vous en serez content, Sire.

Je prie aussi V. M. de me répondre sur l'arrangement que je lui ai mandé que j'ai pris avec les chirurgiens que vous m'avez demandés, afin que ces gens sachent leurs emplois, et ce qu'ils auront par an, et ce que vous leur destinez pour leur voyage d'ici en Prusse.

Il ne me reste qu'à vous renouveler les assurances du profond respect avec lequel je suis, etc.

<589>

20. DU MÊME.

Paris, 27 avril 1744.



Sire,

Je me suis acquitté de la commission dont Votre Majesté m'a chargé, de lui faire le rapport des chirurgiens. Vous avez, Sire, deux maîtres admirables : selon le propre dire du fameux Petit, ils sont aussi habiles que lui-même; ils emmènent dix excellents compagnons avec eux, qui ont presque tous fait campagne, et qui ont été dans les hôpitaux, ce qui est un grand point, et leur donne beaucoup d'expérience. J'ai arrangé avec eux leurs appointements selon les ordres de V. M. Le tout vous reviendra, comme vous le désirez, à cinq mille écus de notre monnaie, juste, et pour le voyage des dix compagnons et des deux maîtres, je suis convenu que vous leur donnerez quatre mille livres pour se rendre d'ici à Berlin. Je vous prie donc de me les envoyer, afin de les faire partir le plus tôt que faire se pourra. Les deux maîtres désirent aussi que vous fassiez ici emplette, Sire, de deux paquets d'instruments qui sont nécessaires pour les opérations de chirurgie et pour les amputations, dont on a absolument besoin dans les hôpitaux. Ces instruments appartiendront et resteront pour l'usage de la chirurgie dans votre pays, Sire; le tout coûtera douze cents livres. Il faudra donc, s'il vous plaît, m'envoyer en tout pour les chirurgiens cinq mille deux cents livres.

J'ai reçu depuis quelques jours de V. M. mille écus d'Allemagne, qui m'ont produit ici en argent de France, le change payé, trois mille huit cent dix livres, et V. M. doit pour deux tableaux de Lancret trois mille livres; de plus, pour la course de mon valet de chambre, qui a été en courrier à Wésel, la dépense se monte à huit cent soixante livres; de sorte que vous me devez, Sire, actuellement cinquante livres. Il faudra, Sire, que vous ayez la bonté de m'envoyer encore<590> quelque argent, les deux mille huit cents écus que vous m'avez donnés en partant de Berlin n'étant pas suffisants pour payer tout ce que j'ai dépensé dans mon voyage, tant dans la route qu'à Paris, où il fait fort cher vivre. Je ménage pourtant le plus qu'il m'est possible; mais mon voyage est un peu plus long que je n'ai pensé.

J'ai mille peines à trouver des tableaux de Watteau, qui sont d'une rareté extrême. J'étais en marché pour deux pendants : mais on me les voulait vendre huit mille livres, ce que j'ai trouvé trop cher; j'espère qu'un de mes amis qui en a deux me les cédera à meilleur compte, et qui sont très-beaux.

Je ne manquerai pas de rapporter à V. M. toutes sortes de bonnes poudres d'odeur, et de la pommade de Rome, tout ce qui sera de meilleur de toute espèce; et pour le coup, Sire, vous aurez des jambons de neige; j'en ai un d'Espagne, que je vous rapporterai. Vous aurez aussi des pieds de vigne muscats et autres; mais on ne les fera partir qu'au mois d'octobre prochain, la saison étant trop avancée, et que la séve a déjà poussé.

Vous aurez incessamment de mes nouvelles, par lesquelles je vous manderai tout ce que j'aurai fait depuis quelque temps.

Dans ce moment, on vient de me dire que M. le prince de Conti a forcé un retranchement du côté de Villefranche,590-a et qu'il a pris mille hommes prisonniers, et qu'il a gagné les hauteurs de Villefranche, ce qui le mettra à même de prendre cette place sans perdre beaucoup de monde. M. de Court est à Toulon;590-b on compte qu'il y aura incessamment une affaire entre sa flotte et les Anglais. Je finis ma lettre en renouvelant le profond respect avec lequel je suis, etc.

<591>

21. AU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Potsdam, 7 mai 1744.

La lettre que vous m'avez écrite en date du 27 du mois d'avril passé m'est bien parvenue. Quant aux deux maîtres chirurgiens que vous avez engagés pour mon service, avec les dix compagnons qu'ils amèneront avec eux, je suis content de l'arrangement que vous avez fait louchant leurs appointements; et comme je viens d'ordonner aux banquiers Splitgerber et Daum de vous faire payer par leurs correspondants à Paris la somme de quatre mille livres, frais de voyage pour les deux maîtres et les dix compagnons, avec les douze cents livres qu'ils ont demandées pour faire l'emplette des instruments nécessaires à leur profession, vous tâcherez de les faire partir vers ici le plus tôt que faire se pourra, après avoir fait mettre par écrit les conditions sur lesquelles ils se sont engagés.591-a J'ai ordonné d'ailleurs auxdits banquiers Splitgerber et Daum de vous faire remettre encore la somme de mille écus de notre monnaie, pour subvenir aux frais de votre voyage, dont j'espère que vous serez content.

Le prix de huit mille livres qu'on vous a demandé de deux tableaux de Watteau est exorbitant, et vous avez bien fait de ne pas conclure à pareil marché; aussi n'en ai-je besoin que d'un seul tableau, que vous tâcherez de me faire avoir, s'il est possible, à un prix raisonnable. J'attends de vos autres nouvelles; et sur cela je prie Dieu, etc.591-b

<592>

22. DU COMTE DE ROTTEM BOURG.

Paris, 11 mai 1744.



Sire,

J'espère que Votre Majesté aura reçu ma dépêche du 4 de ce mois, avec les papiers et les plans qui y étaient joints : je me flatte que vous serez content, Sire, de ma conduite, qui a été la plus sage qu'il m'a été possible.

Le Roi est à l'armée, en Flandre; il est à Valenciennes. S. M. a été à Maubeuge et à Condé, pour visiter les fortifications. Ce prince se communique beaucoup, et on me mande qu'il entre dans tous les petits détails; il dîne et soupe avec du monde, et toute la France imagine que leur roi prendra autant de goût à la guerre qu'il en a eu jusqu'ici pour la chasse, ce dont toute cette nation est enchantée.592-a

Les troupes françaises sont assez belles dans leur espèce, depuis qu'on a retiré par bataillon cent vingt hommes qui étaient trop jeunes ou vilains, et qu'on a mis des miliciens bien faits à la place, ce qui rendra cette infanterie passable ou belle même, selon cette nation; et ces mêmes cent vingt hommes par bataillon, qui étaient trop jeunes, on les a mis dans les milices, où ils se formeront, et seront en état de porter les armes dans deux ans d'ici.

Les affaires du prince de Conti en Italie vont assez bien. On assure qu'il a pris Oneille, avec douze cents prisonniers. On croit qu'il pénétrera par cette prise dans le Piémont sans beaucoup de résistance.

J'ai fait partir des jambons de neige pour V. M. par le carrosse de Strasbourg et Francfort-sur-le-Main; ils sont adressés à Joyard, votre maître d'hôtel.592-b Je me flatte, Sire, qu'ils arriveront bons; je le souhaite de tout mon cœur, car ils sont excellents.

<593>Je fais tout ce que je puis pour procurer à V. M. un homme qui puisse remplacer Pöllnitz. Jusqu'à présent je n'ai encore trouvé personne qui fût tel que vous le désirez; mais je tâcherai d'en découvrir un qui soit aimable, de bonne humeur, homme de probité et de belles lettres; toutes ces qualités sont bien difficiles à trouver.

Je me suis donné toutes les peines du monde pour me lier avec de fameux négociants de Cadix et de Lisbonne. J'espère que je vous arrangerai un débit bon et solide de nos toiles de Silésie, ce qui nous procurera un grand gain et excellent commerce, surtout dans les circonstances présentes. Je finis ma lettre en vous renouvelant le profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, etc.

P. S. Le 15 de ce mois, l'armée doit être jointe et campée, et Sa Majesté Très-Chrétienne commencera les opérations d'hostilité. J'attends les réponses de V. M. avec grande impatience, pour me mettre en roule, pour prendre congé du roi de France, que je trouverai à la tète de son armée, et pour vous rejoindre. Sire.

23. AU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Potsdam, 13 mai 1744.

Je viens de recevoir vos dépêches en date du 4 de ce mois. De la manière que vous vous expliquez sur la conduite que vous avez tenue vers la cour de Versailles, je suis très-satisfait de vous et des manières que vous avez prises pour parvenir à mes fins. Je suis surtout très content de la route que vous vous êtes frayée pour parvenir promptement au but désiré, et des liaisons que vous avez faites avec ce qu'il y a de meilleures têtes en France. Enfin, pour vous rendre justice,<594> il faut que j'avoue que vous avez surpassé mes attentes, et je ne doute à présent nullement que, après que vous avez si bien commencé, vous ne manquerez point de mener à une fin heureuse les affaires importantes dont je vous ai chargé. Je mets toute ma confiance en la personne du roi de France, dans l'espérance que nous traiterons cette fois-ci de roi à roi,594-a et que rien ne pourra nous désunir, me remettant au reste sur la foi de sa promesse que le traité que nous sommes sur le point de conclure594-b restera un secret impénétrable pour tout le monde. Je regarde le changement qui est arrivé avec le sieur Amelot comme un coup de partie, et vous sais bon gré de tout ce que vous y avez contribué. Vous pouvez être assuré de ma discrétion sur tout ce que vous me mandez d'avoir fait avec le roi de France; et d'ailleurs je viens d'ordonner à Klinggräff594-c d'accabler de politesses le sieur de Chavigni, afin de le faire, comme vous dites, tout plein d'amitié de ma part et de le mettre dans mes intérêts; aussi est-il vrai que le roi de France met ses affaires dans de dignes mains, s'il emploie Chavigni à la place d'Amelot.

Quant au projet du traité, j'en ai été assez content, et il n'y a que peu de choses que je souhaite d'y être insérées encore, comme vous le verrez par le contre-projet chiffré que vous trouverez ci-clos. Vous tâcherez de votre mieux avec le sieur de Chambrier, afin qu'on admette tout ce que je viens ou de changer, ou de joindre à ce traité; et lorsque vous serez convenu de tout, mon intention est que vous devez le faire mettre au net et, les échanges des pleins pouvoirs faits, le signer avec le sieur de Chambrier, à quelle fin je vous envoie ci-clos les pleins pouvoirs nécessaires. D'abord que vous l'aurez signé, vous pouvez retourner vers ici, et m'apporter un des exemplaires signés, pour que j'en puisse faire expédier alors les ratifications<595> usitées, ce que je ferai faire incontinent après que j'aurai de bonnes nouvelles de mon traité à faire avec la Russie et la Suède. Je renverrai alors le traité ratifié au sieur de Chambrier, pour qu'il le puisse échanger; mais il faudra de toute nécessité que vous vous concertiez bien avec le sieur de Chambrier, par quelle voie je puisse lui envoyer sûrement le traité pour qu'il ne soit point intercepté en chemin faisant : car je crains fort que la route par Wésel à Paris ne sera plus sûre, d'abord que les opérations de guerre auront commencé en Flandre. Je crains la même chose pour Francfort, et je ne sais pas s il y aura une autre roule plus sûre que celle de Mannheim pour faire passer notre traité en France : ainsi vous n'oublierez point de vous régler bien sur cet article avec le sieur de Chambrier.

Quant au mémoire que vous m'avez emoyé, signé du maréchal de Noailles, j'avoue qu'on n'a jamais mieux rencontré ma façon de penser sur toutes les matières qu'on y a traitées qu'on l'a fait dans ce mémoire, ainsi que je ne saurais pas m'exprimer autrement qu'on y a fait, si je l'avais dicté moi-même. Aussi ai-je donné d'abord mes ordres au sieur de Klinggraff pour la conclusion des deux traités à faire avec l'Empereur, savoir, pour le traité d'union, avec son article séparé, et pour le traité secret. Quant au troisième traité à faire avec le roi de France, j'espère que, par le projet que je vous renvoie, j'aurai rempli tout ce qu'on peut désirer de moi à ce sujet. Je suis surtout très-satisfait de ce qu'on a fait le projet de ce traité sur le pied d'un traité d'amitié et d'alliance perpétuelle et irrévocable, offensif pour le moment présent, et défensif pour la suite, articles que j'aurais désirés tout exprès, si l'on ne m'avait pas prévenu là-dessus. Comme il y a pourtant d'autres réflexions qui me sont tombées dans l'esprit sur les conjonctures présentes, j'en ai dressé le mémoire ci-clos, et vous ne manquerez pas d'en faire un bon usage.

Pour ce qui est de l'autre mémoire que vous m'avez envoyé, touchant les opérations militaires, je le trouve bien pensé; mais pour<596> mettre le roi de France bien au fait sur la manière que je médite de faire mes opérations, j'en joins ici le projet, duquel vous ne manquerez pas de faire l'usage convenable, afin que. en combinant ce plan avec l'autre que vous m'avez envoyé, on puisse convenir exactement sur ce que les parties alliées belligérantes auront précisément à faire, concert qui est d'autant plus nécessaire, que suis cela nous ne ferions rien qui vaille. Un des articles que je vous recommande le plus est qu'on tâche d'éloigner autant qu'il est possible les troupes autrichiennes de la Bohème, et qu'on les empêche, s'il est possible, de pouvoir se porter à Prague avant que j'aie pris celte ville, puisque autrement tout mon plan courrait risque d'échouer; mais d'abord que je serai maître de Prague, les Autrichiens n'auront qu'à venir.

L'article de gagner le roi de Sardaigne et de l'attirer dans notre parti serait un grand coup, peut-être plus aisément à faire qu'on le croit, si la France pouvait disposer la reine d'Espagne de ne traiter plus si rudement le roi de Sardaigne quelle l'a fait par le temps passé, et de lui faire encore quelques cessions, outre celles qu'il a eues par le traité de Worms.596-a

Quand je parle, dans mon projet du traité à faire avec la France, des enclavures de la Moravie, il faut que je vous dise, pour votre instruction, que ce n'est proprement que le petit district de Hotzenplotz avec ses appartenances, qui est dans la Haute-Silésie, mais qui relève proprement de la Moravie, et que les Autrichiens se sont stipulé exprès par le traité de Breslau.596-b

Au reste, vous ne manquerez de vous concerter sur tout ce que dessus avec le sieur de Chambrier. Et sur ce. etc.596-c

<597>

24. AU MÊME.

Potsdam, 13 mai 1744.

.... Je vous envoie ci-clos la lettre de ma main propre au roi de France,597-a que vous avez désiré autrefois d'avoir de moi, et que vous ne manquerez pas de lui présenter vers le temps de votre départ. J'en joins une pour la duchesse de Châteauroux,597-a dont je vous laisse la liberté de la lui rendre ou de la garder, selon que vous le trouverez convenable, de même que la réponse que je viens de faire à la lettre que le maréchal de Noailles m'a écrite. Vous verrez par les copies ci-jointes ce que ces lettres contiennent. Comme je partirai d'ici le 20 de ce mois pour aller à Pyrmont, et que j'y pourrais rester jusqu'au 16 du mois de juin pour y boire les eaux, je serai bien aise que, à votre retour de France, vous veniez me trouver à Pyrmont. Et sur cela, etc.597-b

25. DU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Paris, 17 mai 1744.



Sire,

J'espère que Votre Majesté aura bien reçu ma dépêche du 4 de ce mois, et la lettre que j'ai eu l'honneur de lui écrire du 11 du courant, par lesquelles elle aura vu tous les détails qui regardent ce pays-ci.

J'ai dîné il y a deux jours avec le cardinal Tencin, qui m'a parlé beaucoup de V. M. et de l'abbé Schaffgotsch. Il m'a montré une lettre<598> en original du pape, qui se plaint bien amèrement de ce que vous l'avez fait élire coadjuteur de Breslau.598-a Ce pauvre saint-père fait le diable pour s'opposera cette élection. Il dit dans sa lettre que vous auriez pu prendre, Sire, qui vous auriez voulu, excepté ledit abbé, qui mène, selon lui, une vie peu convenable pour être à la tête d'un évêché. J'ai pris vivement son parti, et j'ai assuré à M. le cardinal Tencin, qui est ami intime du pape, que l'abbé Schaffgotsch se conduit fort convenablement à son état, et qu'il n'avait jamais fait d'autre crime à Rome que d'avoir été reçu franc-maçon dans le temps qu'il ne savait point que le saint-siége avait fait une défense pour l'être.598-b J'ai fait de mon mieux pour engager M. le cardinal d'écrire en sa faveur au pape, et je lui ai fait sentir en même temps qu'il était nécessaire pour la religion catholique que l'évêque de Breslau eût le bonheur d'être bien avec vous, Sire.

J'ai eu l'honneur de mander à V. M. que le roi de France était arrivé à son armée, en Flandre. Le 14 de ce mois, toutes les troupes se sont rassemblées proche de Lille; le 15, S. M. en a fait la revue; le 16, la séparation du corps que le comte de Saxe commandera se doit être faite, pour servir de corps d'observation; et le 17, le Roi doit avoir marché avec toute son armée pour investir Menin, dont on fera le siége, qui, selon les apparences, ne durera pas plus de huit ou dix jours. Les lettres que j'ai reçues de mes amis de l'armée, et qui sont des gens vrais, disent que l'armée est fort belle. Le Roi a sous ses ordres, en Flandre, en campagne cent seize bataillons qui sont presque complets, et deux cent huit escadrons en bon état. Voilà une grande armée, à même d'entreprendre de belles choses. Il faudra voir comme elle agira; le temps nous l'apprendra. On ne doute pas<599> que le Roi veut agir avec vigueur, et il y a beaucoup de bonne volonté dans le soldat et dans l'officier. Les Français ont une artillerie considérable en campagne, en Flandre; elle consiste en cent vingt pièces de vingt-quatre livres de balle, et deux cents de six à douze livres de balle; voilà assurément de quoi foudroyer une ville.

Voilà M. le prince de Conti le maître de tout le comté de Nice et de Villefranche; on espère ici que le roi de Sardaigne, qui se voit si maltraité, et une grande partie de son infanterie défaite et dissipée, et ne voyant pas arriver du secours par le prince de Lobkowitz, il pourra bien prendre le parti de s'accommoder avec cette cour et l'Espagne, en lui donnant un avantage considérable dans le Milanais; du moins le bruit en court ici très-fort.

J'envoie ci-joint à V. M. la lettre du roi de France à l'archevêque de Paris pour faire chanter le Te Deum. Il y a eu ici des réjouissances publiques au sujet des avantages remportés par les Français contre le roi de Sardaigne.

Je vous ai acheté, Sire, un beau et magnifique tableau de Lancret, représentant le Théâtre italien avec toutes sortes de figures agréables et bien finies; il me coûte douze cents livres. Je cherche quelques tableaux de Watteau; j'en trouve bien quelques-uns de cet auteur; niais ils ne sont pas bien finis, et sur ces derniers temps ces tableaux paraissent comme des essais, ce qui ne fait pas mon affaire. J'espère pourtant que je trouverai encore, avant que je parte, ce que je cherche pour vous. Je finis en vous renouvelant le profond respect avec lequel je suis, etc.

<600>

26. DU MÊME.

Paris, 23 mai 1744.



Sire,

J'ai reçu la lettre du 13 de ce mois que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, de même que les paquets, que mon homme qui à été à Wésel m'a rapportés en bon état. Je ne manquerai pas d'exécuter vos ordres le mieux qu'il me sera possible, et je ne négligerai rien pour bien remplir mon objet, pour que vous ayez lieu d'être satisfait de ma conduite, Sire. Je compte d'aller dans quatre ou cinq joins d'ici à l'armée de Flandre pour la voir, et pour y arranger quelques affaires de famille avec le maréchal de Noailles, qui est oncle de ma femme. J'espère que V. M. ne le trouvera pas marnais; aussitôt que mesdites affaires de famille seront arrangées, je partirai sur-le-champ pour retourner auprès de vous, Sire. Ayez la bonté de m'adresser une lettre à Minden, que je trouverai chez le président, si vous le jugez à propos, pour que je sache si vous êtes encore à Pyrmont quand je passerai dans cette ville; en ce cas, j'aurai l'honneur de vous y aller faire ma cour.

J'ai reçu cinq mille deux cents livres pour les chirurgiens; j'ai fait leurs engagements, et je compte les faire partir d'ici aux premiers jours. J'espère que vous aurez lieu d'être content d'eux; ils sont de bien habiles gens, et seront à même de professer la chirurgie et l'anatomie à Berlin, ce qui vous formera, Sire, des sujets excellents dans votre pays, et fera que vous n'aurez plus besoin d'envoyer des gens à Paris pour y apprendre leur métier. J'ai aussi reçu les mille écus d'Allemagne que vous avez eu la bonté de m'envoyer pour subvenir à toutes les dépenses que j'ai été obligé de faire dans mon voyage. J'ai aussi reçu l'argent que j'avais déboursé pour vous, Sire, pour les tableaux de Watteau et les deux courses de mon valet de chambre.<601> Je suis actuellement en marché d'un très-beau tableau de Watteau, pour vous l'avoir à bon marché, ce que j'espère; en ce cas, je vous l'achèterai, et je vous le rapporterai avec ceux que j'ai déjà pour V. M.

Pour ce qui regarde l'article de nos toiles de Silésie, je tâche de prendre les meilleurs arrangements sur cela, dont j'espère que vous aurez lieu d'être content; à mon retour, je vous en rendrai compte, Sire.

Vous saurez déjà actuellement, Sire, que Menin est investi; la tranchée a été ouverte du 20 au 21. On compte que cette place ne pourra pas tenir plus de huit ou dix jours, par l'artillerie énorme que la France a. Le Roi continue à parler avec tout le monde, et se lait informer de tout; il est très-aimé à l'armée. Son quartier est à Warwick, tout proche de Menin; le comte de Saxe est à Courtrai avec son corps d'observation. Jusqu'à présent, les alliés ne font encore aucun mouvement en avant; je crois que les Fiançais pourront prendre plusieurs places avant que lesdits alliés soient en état de les en empêcher.

Le prince de Conti a encore pris un poste très-avantageux proche du col de Tende, où il a fait trois cents prisonniers, dont il y a cent cinquante soldats et cent cinquante paysans armés. Je finis ma lettre en vous renouvelant le profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, etc.

<602>

27. AU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Le 6 juillet (1745).



Mon cher Rottembourg,

Je viens de faire payer cinq mille écus par Splitgerber à Petit; ayez la bonté de lui écrire que je désirerais que cet argent fût employé pour me procurer un lustre de cristal de roche aussi beau qu'on peut l'avoir pour ce prix-là, et de le faire partir de la même façon que le précédent. Quand je saurai le prix des Watteaux, je les ferai payer également. Je vous demande pardon des petits détails dont je vous embarrasse; mais je connais l'amitié que vous avez pour moi, et j'en abuse peut-être.

Vous serez sans doute instruit de toutes nos farces de la petite guerre; heureusement que c'est nous qui donnons les coups. Tournai est à présent dompté; on dit très-fort que le roi de France en veut au duc de Cumberland, et qu'il veut absolument le voir encore une fois fuir devant lui. Le prince de Conti a choisi à présent une meilleure position que celle qu'il avait, et je crois qu'il est encore en état de faire quelque chose. Le roi de Sardaigne vient d'embrasser la neutralité; le prince de Lobkowitz se réfugie dans le sérail; les Français, les Espagnols et les Génois pénètrent dans le Milanais; les Hollandais ont choisi la fin de cette campagne pour le terme de leurs faits guerriers, desquels ils sont fort dégoûtés; enfin, si malheur n'arrive, nous verrons bientôt de nouvelles scènes, et peut-être une décoration plus avantageuse pour nous, sur le théâtre de l'Europe, que nous n'avions lieu d'espérer.

La journée du 4602-a fait un grand tintamarre dans le monde, et beaucoup d'honneur à l'armée; l'on en est charmé en France. Voltaire en veut faire un poëme; mais je vous prie d'écrire à Thieriot que je<603> priais le poëte de n'en rien faire, mais que s'il voulait me faire plaisir, il m'enverrait la Pucelle.

Adieu, mon cher Rottembourg; au plaisir de vous revoir en bonne santé.

Si vous n'avez pas de vin de Champagne, mandez-le-moi.

28. AU MÊME.

Au camp (de Chlum), ce 10 (août 1745),
à quatre heures.



Mon cher Rottembourg,

Je suis bien aise de vous savoir bien établi dans votre camp, et que tout s'y trouve en bon état. Je suis ici toujours occupé du même objet, qui est de faire le plus de mal que je puis aux Autrichiens, à leur donner des jalousies, et à faire des projets ultérieurs dont aucuns ne sont en intention de leur faire plaisir.

Je ferai payer, le 24 de ce mois, deux mille cinq cent cinquante écus à qui il vous plaira de les faire assigner, à Berlin, ou, si vous trouvez à propos d'avoir cet argent ici, vous pourrez le toucher au commencement du mois qui vient, moyennant quoi j'aurai la belle table dont vous me parlez, et les quatre tableaux de Watteau. Il me semble que le lustre de cristal de roche dont parle Petit est bien gigantesque et même lourd; cela ne ferait pas un bon effet dans mes chambres de Potsdam. Je laisse cependant l'arrangement de tout cela à Petit; il faut qu'il sache que l'appartement pour lequel on le destine n'a que seize pieds de hauteur sur quarante-quatre de long et vingt-deux de large; c'est ensuite à lui de faire le choix.

<604>Je ferai expédier incessamment les passe-ports pour Maupertuis,604-a et je vous envoie une lettre pour lui. que vous serez fort embarrassé de lui faire parvenir. Je le crois sur mer actuellement; c'est pourquoi j'ai fait expédier un passe-port de précaution, que j'envoie tout droit, sous l'adresse de Podewils, à Berlin.

S'il est vrai de dire qu'un bon général vaut dix mille hommes de plus dans l'armée où il est, voilà donc les Autrichiens bien renforcés par la présence du prince de Lobkowitz.604-b Les Saxons sont plus sensibles à leurs pertes qu'ils ne le témoignent au public, et je les crois capables de bien des choses, qu'il faudra attendre et voir arriver. Wylich604-c devrait déjà être de retour; il a dû partir le 22 de Tournai. Je crains pour lui, vu la difficulté du trajet qu'il a à faire.

Adieu, mon cher Rottembourg; n'oubliez pas vos amis qui sont au camp des vedettes et qui font la garde pour la sûreté de l'armée, et soyez persuadé que je suis tout à vous.

29. AU MÉME.

(Camp de Chlum) ce 16 (août 1745).



Mon cher Rottembourg,

Les déserteurs qui nous viennent ici disent à peu près la même chose que celui que vous m'avez envoyé. Il paraît que les Autrichiens<605> lassent leur préalable de l'élection impériale de Francfort,605-a après quoi ils pensent d'être en état de tourner leurs forces contre qui bon leur semble. La perspective politique n'est pas fort claire à présent, mais il faut attendre que le brouillard tombe; alors on verra s'il faut donner au prince de Conti605-b des lauriers ou des chardons.

Nous nous amusons ici du mieux que nous pouvons. Outre mes occupations ordinaires, je lis beaucoup, et je puis vous assurer que, à quelques légères escarmouches près, on croirait être dans un camp de paix.

Quand vous recevrez les réponses de France, je vous prie de me les communiquer. Voudriez-vous bien charger Petit encore d'une commission pour me trouver deux beaux groupes de marbre colossals pour orner un jardin? Le sujet m'est égal, pourvu que cela soit beau; quand même ces groupes me coûteraient cinq à six mille écus, je les payerais. Peut-être pourra-t-il aussi trouver de beaux vases de marbre, ornés d'or moulu, pour placer dans un jardin; et ce sont de ces choses qu'il faut pour embellir Potsdam.

Adieu, mon cher Rottembourg; je ne vous entretiens que de billevesées, et je finis comme le curé de Colignac, de peur de dire des sottises.605-c

<606>

30. AU MÊME.

(Camp de Semonitz) ce 16 (septembre 1745).



Mon cher Rottembourg,

Je ne sais par quel hasard je ne reçois que ce moment la lettre du 13 que vous m'avez écrite; elle a voyagé trois jours pour venir de Hulula à Semonitz. Assurément le porteur n'avait pas appris à marcher des dieux d'Homère : ils faisaient trois pas, et ils étaient au bout de la terre.606-a

Je vous plains beaucoup de ce que vous souffrez tant de votre colique néphrétique. Le médecin dit que cela passera, et que si ensuite vous voulez le laisser faire, il se flatte de vous soulager considérablement pour l'avenir par des remèdes qui conservent les reins, les nettoient, et déblayent le sang, qui, par un mélange vicieux, est la cause de l'engendration de la pierre.

Je vous suis bien obligé de tous les soins que vous prenez de contenter mes petites fantaisies; je ferai payer l'argent que vous désirez le 10 du mois d'octobre, pourvu que vous vouliez me dire à qui.

Mes lettres m'inspirent de la patience; j'ai reçu hier tant d'assurances positives de la bonne foi de certaines gens, que je dois absolument m'y fier, à moins que de penser avec Biaise Pascal que la terre est une affreuse prison peuplée par de misérables scélérats, tous sans foi et sans honneur.606-b Le roi de France a quitté l'armée pour madame de Pompadour et pour Paris. Le siége de Nieuport doit tirer vers sa fin, et l'on croit que le comte de Saxe finira sa campagne par la prise d'Ath et de Bruxelles.606-c

Nous quitterons notre camp après-demain pour passer l'Elbe. Je<607> souhaite que la marche ne vous fasse aucun mal. Gardez encore demain la chambre, quand même vous vous porteriez bien, pour amasser quelques forces et pour prévenir les récidives.

Le vieux routier607-a m'écrit bien des misères avec le style dur de sa brutalité héroïque; il est fort content de voir grossir ses troupes, mais mal satisfait de ne pouvoir pas faire résonner dans les champs saxons sa vieille trompette de Sodome.

Adieu; ayez grand soin de votre santé, et portez-vous bien; c'est ce que vous avez de mieux à faire, et par où vous pourrez obliger le plus sensiblement celui qui est tout à vous.

31. AU MÊME.

Camp de Trautenau, 8 octobre 1745.



Mon cher Rottembourg,

Votre chirurgien est venu, qui m'a donné votre lettre. Il m'a tranquillisé tout à fait au sujet de votre santé. Je vous donne mille bénédictions sur votre chemin, ne désirant que de vous revoir en bonne santé. Nous ne pourrons guère séjourner dans ce camp au delà du 12, et je verrai si je pourrai pousser ma campagne inclusivement jusqu'au 20; ce sera le bout du monde. Ensuite les quartiers d'hiver se régleront, et je ne pourrai être tout au plus que vers le 4 ou le 5 de novembre à Berlin. Nous avons eu une bataille au fourrage d'aujourd'hui; les ennemis y sont venus forts de huit mille hommes. Nous y avons quarante-huit hommes de blessés et dix de tués. La maudite guerre!

<608>Je commence à m'équiper tout doucement. J'ai reçu hier de la poudre de cheveux, et aujourd'hui un lit avec des peignes. Vous verrez que je tiendrai encore état avant que de quitter la Bohême.

Je n'ai encore aucune nouvelle; mais je les aurai sans faute à l'arrivée de Möllendorff, et j'espère far fine al mio tormento.608-a Adieu, mon cher; ayez soin du corps le plus débile que je connaisse, et que la fragilité de votre machine ne vous empêche pas de penser quelquefois à vos amis.

32. AU MÊME.

Rohnstock, 24 octobre 1745.



Mon cher Rottembourg,

Je viens de recevoir votre lettre sans date, de Liegnitz, et je ne sais par quel hasard elle s'est promenée si longtemps avant que de me parvenir. Nous avons eu une petite bataille avant que d'atteindre Schatzlar; on a envoyé beaucoup de pandours au diable, et nous y avons malheureusement aussi perdu quelque chose. Nous voici en cantonnement; les ennemis vont se séparer le 28; le prince Charles part pour Vienne. J'attends avec impatience la fin de l'affaire, que tout le monde désire, et je crois que c'est immanquable. Vous me faites plaisir de me parler de la bonne disposition des gens du pays; je fais ce que je puis pour l'entretenir, mettant toute la douceur que je puis dans ma façon d'agir envers eux. Je crois que je pourrai quitter ce quartier le 28; j'irai à Breslau, et j'y resterai jusqu'au 31, que je vais d'une traite à Grünberg, et le 1er à Berlin. Je ne sais où vous<609> êtes, ni quand ma lettre vous parviendra; toujours soyez persuadé que je suis votre fidèle ami.

Mon frère Henri s'est extrêmement distingué dans609-a noire marche du 16,609-b et on commence à connaître dans l'armée ses talents, dont je vous ai si souvent parlé.

33. AU MÊME.

(Rohnstock) 24 octobre au soir (1745).



Mon cher Rottembourg,

Je viens de recevoir votre lettre du 19. Je vous crois sur le chemin de Berlin. Toutefois soyez bien aise de savoir votre santé passable. Toutes les nouvelles confirment que le prince Charles va prendre des quartiers d'hiver, et que la dislocation se fera le 28.609-c J'attends cet événement pour me régler là-dessus, et pour prendre ma résolution définitive pour mon départ. Il y a un corps de sept mille hommes détaché de l'Empire pour la Bohême; cela n'a point l'air pacifique. Toutefois seront-ils obligés de danser, nos revêches ennemis, dès que la cour de Londres aura parlé,609-d ce qui se fera à l'arrivée de la Reine à Vienne. Je suis votre très-fidèle ami.

<610>

34. AU MÊME.

Sans-Souci, 24 juillet 1747.

J'ai reçu votre lettre, et je suis bien aise de vous savoir en parfaite santé. Je vous réponds de mon nouveau bureau, que j'ai lait raccommoder. Il y a des tables si bien gâtées, que j'ai été obligé de les employer à faire le plancher de la salle de marbre. Les tableaux de Le Moine et de Poussin peuvent être beaux pour des connaisseurs; mais, à dire le vrai, je les trouve fort vilains : le coloris en est froid et disgracieux, et la façon ne me plaît point du tout. Quant aux Potters, j'attends ce qu'en dira Petit pour me déterminer là-dessus.

Le siége de Gênes est levé dans toutes les formes; il court même des bruits que Savone a été pris par surprise. Le maréchal de Saxe fait assiéger Bergen-op-Zoom par Löwendal. Chambrier, qui avait la rage de suivre le Roi à l'armée, crie miséricorde pour les grandes fatigues qu'il essuie à Bruxelles; il tremble au seul nom de quelques gueux de hussards qui rôdent sur les grands chemins de Bruxelles à Tongres. Je serai bien aise de trouver votre régiment en bon ordre; mais n'oubliez pas que les attaques vives ne sont bonnes qu'en tant qu'elles sont serrées.

Je crains beaucoup pour le pauvre Goltz;610-a sa santé me fait trembler; cependant la Faculté dit que ce ne sera rien. J'applaudis sans cesse à ma position présente, d'où je vois les orages gronder et la foudre qui tombe sur les chênes les plus inébranlables, sans que cela me touche. Heureux lorsque l'on est tranquille par sagesse, et que l'expérience amène avec elle la modération! A la longue, l'ambition n'est que la vertu d'un fou; c'est un guide qui vous égare, et qui vous casse le cou en vous conduisant dans un précipice qui est couvert de<611> fleurs. Adieu; je vous souhaite santé et contentement, vous assurant que je suis votre fidèle ami.

35. AU MÊME.

Ce 2 (octobre 1747).

Vous avez plus de foi aux médecins que moi. Votre Lieberkühn611-a vous enfarine la gueule en vous parlant névrologie, ostéologie, et en débitant de grands termes où lui-même il n'entend rien.

La mort du cardinal611-b ne me donne aucune pension à disposer; l'évêque paye les dîmes comme un autre ecclésiastique, et sa principauté est comme le bien d'un gentilhomme qui a une taxe fixe, et de plus, il y aura encore bien des difficultés à aplanir avant que de l'établir solidement.

Lani est un faquin qui tient à Paris des discours insolents. J'ai fait arrêter ses gages, et j'ai mis des émissaires en campagne pour en avoir un nouveau.

Je me sers à présent d'un autre médecin,611-c moins charlatan que le vôtre.

Adieu; je vous souhaite de la santé, sans quoi il n'y a rien dans le monde, et je vous embrasse.

<612>

36. AU MÊME.

Le 3 mai 1748.

J'ai reçu votre lettre avec les dessins de pendules de Paris; il faut qu'elles soient toutes deux de sept pieds, d'écaillé de tortue; le dessin de l'une me paraît fort beau, et celle en console fort vilaine. J'en voudrais avoir deux petites comme vous en avez, pour mettre sur des consoles; mais il ne faut pas qu'elles excèdent trois pieds. Ainsi Petit n'a pas bien compris la commission qu'on lui a donnée. J'ai reçu les derniers tableaux de Paris; il y en a trois de fort beaux, deux médiocres, et cinq infâmes. Je ne sais à quoi Petit a pensé; mais c'est de tous les envois qu'il a faits le plus mauvais. Vous n'avez pas à craindre que j'oublie vos trois mille écus; vous les recevrez exactement. Je vous embrasse, mon cher comte, en vous priant de me croire votre bon ami.

37. AU MÊME.

Ce 8 (avril 1750).

Vous ferez bien de ne point hâter votre première sortie; je sais qu'on se lasse de rester si longtemps dans la chambre; mais on se repent aussi quelquefois lorsqu'on s'expose trop tôt à l'air, et pour vos maux de reins il faut éviter les cahots du carrosse. Ma santé va encore cahin-caha. J'ai patience, et je laisse aux médecins à rapetasser mon<613> corps confisqué comme ils l'entendent; faites-en de même. Je vous embrasse. Adieu.

38. AU MÊME.

Potsdam, 17 février 1751.

Je vous sais tout le gré du monde de l'inquiétude que vous me témoignez, par votre lettre du 15 de ce mois, par rapport à ma santé. Mon indisposition est passée, et je me porte parfaitement bien. Je voudrais qu'il en soit de même de vous, et que j'aie bientôt le plaisir de vous voir entièrement remis de votre maladie. Ne précipitez néanmoins rien, et attendez avec patience le retour de vos forces, de peur de quelque nouvel accident. Sur ce, etc.613-a

Vous avez repris la goutte; vous voyez donc clairement que votre mal de boyaux n'est venu que de ce que votre âne de médecin vous a fait rentrer la goutte. A présent qu'elle ressort du corps, souffrez patiemment.613-b

<614>

39. AU MÊME.

Potsdam, 8 mai 1751.

J'ai vu avec grand plaisir par votre lettre d'hier que votre santé se rétablit, et que vous reprenez des forces. Je serai charmé de vous voir ici dans le temps que vous comptez y venir. Sur ce, etc.614-a

40. AU MÊME.

Potsdam, 21 mai 1751.

J'ai vu, par la lettre que vous m'avez faite le 19 de ce mois et l'incluse du baron de Sweerts,614-b les nouveautés que les catholiques romains voudraient introduire ici; et par là ces messieurs ne démentent point le proverbe qui les compare au chancre, qui gagne toujours pays petit à petit, si l'on n'y met de justes bornes. Si on a levé de l'argent à crédit chez le banquier Schweigger, je n'y saurais que faire, il faudra le rembourser; mais à l'égard du baptême et du mariage que les prêtres catholiques voudraient exercer, je n'y consentirai jamais; la résolution que j'ai prise à cet égard, et qui vous a été communiquée, est invariable. Toutes les instances que l'on pourrait faire là-dessus seront tout à fait inutiles; jamais je ne changerai de sentiment à ce sujet. Et sur ce, etc.614-a

<615>

41. DU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Berlin, 9 juillet 1751.



Sire,

Depuis hier, que j'ai eu l'honneur de vous écrire, mes douleurs d'entrailles et de reins sont devenues si violentes, qu'on a été obligé de me saigner trois fois. Cette nuit, j'ai des vomissements continuels, et je suis dans une situation à craindre que je n'aurai plus le bonheur de revoir V. M. Je n'ai pas dormi une minute depuis trois nuits, et je jette les hauts cris depuis le matin jusqu'au soir. Les bains, les saignées, rien ne m'a soulagé, et de toutes les médecines, je n'en ai gardé aucune. Mes médecins ne savent plus où ils en sont, et je juge par mes maux inouïs, tant de boyaux que de reins, que s'il ne se fait pas un prompt changement, je verrai ma fin incessamment. Je me recommande toujours aux bontés et à la protection de V. M., étant avec un très-profond respect, etc.615-a

42. AU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Potsdam, 15 juillet 1751.

J'ai été bien aise de voir par votre lettre du 13 de ce mois que votre maladie commence à se relâcher, et que vous vous croyez hors d'affaire; je souhaite de tout mon cœur d'en apprendre toujours la continuation, et de vous voir bientôt tout à fait délivré de cette cruelle<616> maladie. Quant à la consultation des médecins sur l'état de votre maladie, que j'ai demandée, je serai content pourvu que je l'aie demain ou après-demain; mais il faut aussi qu'on ne traîne pas plus longtemps. Sur ce, etc.616-a

Gardez encore La Mettrie616-b jusqu'à ce que j'aie reçu l'avis de tous vos Hippocrates,616-c car il faut penser à votre entier rétablissement, et cela, entre ci et la fin d'octobre.616-d

43. AU MÊME.

Ce 17 (juillet 1751).

Comment! monsieur le comte, des chansons au lieu de consultations! Ah! pardi, voilà bien du chemin fait en peu de temps. Cependant je crois qu'il sera bon de faire quelque attention aux consultations, et si j'ose vous dire mon avis, je joindrais au régime que propose La Mettrie la cure que propose Cothenius. Je vous l'envoie, et j'y ajoute que si j'étais dans votre situation, je n'hésiterais pas un moment à m'y conformer. Eller et lui sont du même sentiment. Cela vous gênera un peu, mais il vaut mieux se contraindre et vivre que de descendre dans un vilain caveau obscur, où l'on arrive toujours assez à temps. Je supplie Votre Excellence de faire ses réflexions là-dessus, et d'agir en conséquence. Vos coliques sont périodiques. Si<617> vous trouvez que la douleur est un mal, profitez des bons intervalles pour éviter ou diminuer l'accès qui vous attend. Je ne vous en dis pas davantage, et je m'en rapporte à vos lumières et à votre sagesse, vous assurant de toute mon estime. Adieu.

44. AU MÊME.

Potsdam, 5 août 1751.

Je ne suis pas tout à fait si persuadé que vous si l'état de votre santé vous permet de partir d'ici, et il faudra au moins attendre jusqu'au 12 du mois pour voir si vous pourrez faire un voyage sans que votre santé en soit de nouveau altérée. Sur ce, etc.617-a

45. AU MÊME.



Mon cher Rottembourg,

Je me confirme de plus en plus dans la bonne espérance que j'ai de votre entière guérison; prenez bon courage, et soyez persuadé que, quand quelques légères attaques de votre mal seront essuyées, nous<618> passerons encore bien des moments joyeux ensemble. Je vous recommande surtout le régime, qui est le souverain remède, au-dessus des médecins et de la médecine.


569-a De la main d'un secrétaire.

570-a Poitier et mademoiselle Roland. Voyez t. XV, p. XXIII, no XXXII, et p. 219.

570-b Voyez t. III, p. 12 et 13.

571-a De la main d'un secrétaire.

572-a Voyez t. III, p. 11 et 12, et t. XIV, p. 185-187.

573-a A Dettingen, le 27 juin 1743. Voyez t. III, p. 13 et suivantes.

576-a Le Roi parle vraisemblablement du feld-maréchal Frédéric-Guillaume duc de Holstein-Beck, né en 1687, mort en 1749; il faisait partie de la société intime de Frédéric.

576-b Probablement celle du mois de juin 1743, t. XXII, p. 146-148.

577-a Voyez t. III, p. 44, et t. XIX, p. 33.

578-a Voyez t. III, p. 28.

578-b L. c, P. 27.

578-c Lettre de Voltaire à Frédéric, du mois de juin 1743; voyez notre t. XXII, p. 147.

579-a Voltaire dit dans la même lettre : « Ce vilain Mirepoix est aussi dur, aussi fanatique, aussi impérieux que le cardinal de Fleury était doux, accommodant et poli. O qu'il fera regretter ce bonhomme! » L. c., p. 147.

579-b Voltaire dit dans ses vers

Au roi de Prusse

(édit. Beuchot, t. XIV, p. 410) :

Pour ce Boyer, ce lourd pédant,
Diseur de sottise et de messe, etc.;

et dans sa lettre à Frédéric, du 28 juin 1743 : « Que je ne voie point ce cuistre de Boyer. » Voyez t. XXII, p. 151 de notre édition.

579-c Voyez t. XVII, p. 274.

580-a Lieutenant-général au service de France.

581-a Voyez t. III, p. 16 et suivantes.

581-b Successeur de Poitier.

581-c Voyez t. I, p. XIV; t. X, p. 195; et t. XXII, p. 182.

582-a Pasqualino Bruscolini, Felice Salimbeni, Antonio Romani, et la signora Venturini.

582-b De la main d'un secrétaire.

583-a De la main du Roi.

583-b A Paris.

583-c Voyez t. XV, p. XX et XXI, no XXVIII. et p. 208-210.

583-d De la main d'un secrétaire.

584-a Voyez t. XIV, p. 36, et t. XVIII, p. 58.

585-a Voyez t. III, p. 49 et suivantes.

587-a De la main d'un secrétaire.

587-b De la main du Roi.

590-a Voyez t. III, p. 47.

590-b L. c., p.48.

591-a Le texte de ces conditions, datées de Paris, 27 mai 1744, et signées Rottembourg, a été inséré dans les Historische Erinnerungen an den Stifter und an die Stiftung des Königlichen medizinisch-chirurgischen Friedrich-Wilhehns-Instituts, par J.-D.-E. Preuss, Berlin, 1845, p. 29-31.

591-b De la main d'un secrétaire.

592-a Voyez t. III, p. 49 et suivantes.

592-b Voyez t. X, p. 114, et t. XIII, p. 98.

594-a Voyez t. XXIV, p. 89.

594-b Ce traité fut conclu à Versailles, le 5 juin 1744. Voyez t. III, p. 44 et 45, et t. IV, p. 35.

594-c Envoyé de Prusse auprès de l'empereur Charles VII, à Munich.

596-a Voyez t. III, p.35.

596-b Voyez t. II, p. 145.

596-c De la main d'un secrétaire.

597-a Voyez l'Appendice, à la fin de cette correspondance.

597-b De la main d'un secrétaire.

598-a Voyez t. XIX, p. 430.

598-b Le pape Clément XII (Corsini) condamna les francs-maçons. et défendit aux catholiques d'entrer dans leur société, par son bref du 4 mai 1738, commençant par les mots : In eminenti. Voyez Bullarium Magnum Romanum, Luxemburgi, 1754 t. XVIII, p. 212-214..

602-a La victoire de Hohenfriedeberg, remportée le 4 juin 1745. Voyez t. III, p. 125 et suiv.

604-a Au commencement de l'année 1745, Maupertuis, qui s'était fiancé avec mademoiselle de Borcke, se rendit en France pour obtenir le consentement de son père à son mariage, et la permission de s'établir en Prusse; puis il se hâta de revenir à Berlin, où il se maria le 28 octobre de la même année. Voyez t. XVII, p. VIII et IX.

604-b Voyez t. III, p. 106.

604-c Voyez t. II, p. 143.

605-a François Ier fut élu le 13 septembre, et couronné le le octobre 1745. Voyez t. III, p. 142.

605-b L. c., p. 111.

605-c Ces mots font probablement allusion à une facétie dont nous ne connaissons que le titre : Sermon pour la consolation des cocus, suivi de plusieurs autres, comme celui du curé de Colignac, prononcé le jour des Rois. Amboise. J. Coucou, 1751.

606-a Voyez t. II, p. 49.

606-b Pensées de Pascal, première partie, article VII, Misère de l'homme. I.

606-c Voyez notre t. III, p. 112.

607-a Le prince Léopold d'Anhalt-Dessau. Voyez t. III, p. 167. et t. XX, p. 147.

608-a Voyez t. XIX, p. 119, et t. XX, p. 299.

609-a Le mot dans est omis dans l'autographe.

609-b C'était le 16 qu'avait eu lieu la petite bataille dont il est question au commencement de cette lettre. Voyez t. III, p. 160 et 161.

609-c L. c., p. 162

609-d L. c., p. 139.

610-a Voyez t. VII, p. 10-25.

611-a Voyez t. XVIII, p. 68.

611-b Le cardinal comte de Sinzendorff, évèque de Breslau, mort le 28 septembre.

611-c Probablement Cothenius. Voyez t. XIII, p. 34; t. XIX, p. 38; et t. XX, p. 137.

613-a De la main d'un secrétaire.

613-b De la main du Roi.

614-a De la main d'un secrétaire.

614-b Voyez t. X, p. 194, et t. XV, p. 219.

615-a Cette lettre a été écrite par un secrétaire, mais la signature est de la main du comte de Rottembourg.

616-a De la main d'un secrétaire.

616-b Voyez t. VII, p. 26-32.

616-c Lieberkühn, Eller et Cothenius.

616-d De la main du Roi.

617-a De la main d'un secrétaire.