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1. AU FELD-MARECHAL COMTE DE SCHWERIN.

Grottkau, 10 janvier 1741.



Mon cher et brave ami,

Je suis pénétré de joie de vos heureux succès; je vous envoie mon canon et mes mortiers. Il ne faut point donner de capitulation aux grenadiers, mais les faire prisonniers de guerre.625-a Je vous joindrai demain vers le soir.

Ménagez votre personne, si vous m'aimez; elle m'est plus précieuse que dix mille hommes;625-b je sais que vous vous exposez trop. Je partagerai avec vous, tant que je vivrai, ma fortune et tout ce qui dépend de moi. Je vous joindrai demain. Je plains les morts; ayez soin des blessés, ce sont mes enfants. Adieu, cher et digne ami; tout mon cœur est à vous.

Federic.

J'attends avec impatience le moment de rejoindre nos chers soldats.

Comme mon canon est obligé de passer à un mille de Neisse, je ne peux l'amener que demain au soir moi-même. Il faut bombarder le château et le prendre avec des Brandkugeln625-c et des carcasses. Pour l'amour de Dieu, ménagez mes soldats et votre personne.


625-a Voyez t. II, p. 69.

625-b Voyez t. IV, p. 136, et ci-dessus, p. 604.

625-c Boulets rouges.