<217> que vous ne trouverez pas mauvais que je les renferme dans moi-même. Vous assurant de la parfaite tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, etc.
53. AU MÊME.
(Rammenau) 1er octobre 1758.
Mon cher frère,
Vous faites à merveille de faire enlever des magasins à l'ennemi et de lui rendre la subsistance difficile. C'est à peu près tout ce que vous et moi pouvons faire dans les circonstances présentes. On dit qu'il y a une centaine de hussards sur nos frontières, du côté de Mittenwalde. Si vous pouviez envoyer quatre-vingts ou cent hommes de ce côté-là, cela rétablirait toute la communication. Pour ce que vous me dites, mon cher frère, de ce que vous souffrez, je n'en doute pas un moment. Je l'éprouve par moi-même, et je vous assure que si ce n'était le point d'honneur, il y a longtemps que j'aurais exécuté ce que je vous ai souvent dit l'année passée.a Ce que l'on nous a écrit des mouvements des Turcs se confirme journellement par quantité d'avis différents; mais vous m'entendez. Enfin, Job et moi nous sommes obligés d'exercer notre patience;b en attendant, la vie s'écoule, et après avoir tout vu et tout considéré, ce n'a été qu'embarras, peines, soucis, afflictions. Était-ce la peine de naître? Adieu, mon cher frère. Je ne veux pas noircir davantage votre imagination, et je crois que vous l'avez assez triste, sans que mon chagrin se mêle
a Voyez ci-dessus, p. 185 et 186.
b Voyez t. XIX, p. 255.