<239>

81. AU PRINCE HENRI.

Gross-Döbritz, 26 juin 1760.



Mon cher frère,

Hier j'avais le cœura déchiré par unea de passions, pour me trouver en état de vous écrire une lettre sensée; aujourd'hui que je viens un peu à moi-même, je vous communique mes réflexions. Après le malheur qui vient d'arriver à Fouqué,b sûrement Loudon ne peut avoir d'autre dessein que sur Breslau .... On voit dans tous ces événements un enchaînement de fatalités qui se suivent, et l'opiniâtreté de la fortune à me persécuter. Il me prend des impatiences de me pendre, comme aux amants de revoir leurs maîtresses absentes; mais il faut pousser le cinquième acte jusqu'au dénoûment. Vous n'avez rien à appréhender ni de Lacy, ni de Daun; je vous en tiendrai bon compte, et je vous communiquerai fidèlement de quoi il sera question.

82. AU MÊME.

Gross-Döbritz, 29 juin 1760.

.... Je reconnais tout l'embarras où vous êtes dans la situation où les choses sont là-bas;c mais imaginez-vous toute l'étendue de l'em-


a Le manuscrit présente ici des lacunes.

b A Landeshut, le 23 juin.

c Le 17 juin 1760, le prince avait concentré toute son armée près de Francfort-sur-l'Oder, pour surveiller et arrêter les Russes. Voyez la Vie privée, politique et militaire du prince Henri, p. 90 et suivantes.