<262>Vous jugerez vous-même de la perplexité où je dois me trouver de ce qu'un événement si extraordinaire et presque incroyable a dû arriver, tandis qu'à peine j'avais quitté mon camp de Pülzen, et que j'avais fait une marche à Siegroth. Cependant, comme le malheur est fait, et qu'il ne me reste présentement qu'à songer aux moyens de le corriger, je n'attends que le retour du général de Platen avec son corps, après son expédition faite et finie en Poméranie; je calcule qu'il pourra me joindre le 20 de ce mois à peu près, et ce sera alors que je tâcherai de redresser ce désastre et de remettre en ordre ici tout ce qui s'est dérangé par là. Vous aviserez par là vous-même que, par cet empêchement inattendu, je ne saurais être aussitôt en Saxe que je l'avais médité et que je vous l'avais marqué. Je vous renouvelle les assurances de la considération et de l'amitié parfaite avec laquelle je suis, etc.

98. AU MÊME.

Gross-Nossen, 5 octobre 1761.



Mon cher frère,

Vous aurez appris le malheur qui m'est arrivé à Schweidnitz. Cela est inconcevable quand on connaît la place; l'ennemi y a mis presque toute son infanterie; il doit y avoir fait une grande perte. Zastrow et la garnison doivent avoir fait en très-braves gens; mais Loudon s'est servi d'hommes comme de fascines pour se frayer le passage. Cela est bien dur pour moi, sans que j'entre dans les raisons que j'ai de redresser un malheur dont je crois que vous comprendrez et les conséquences, et les suites; ainsi je ne vous en dis rien. C'est une