<285> recevoir les Tartares actuellement, et j'attends à chaque moment des nouvelles de là-bas. Ne vous imaginez pas que je puisse fournir par milliers des chevaux, des hommes et des armes; je dois à Berlin trois millions aux livranciers, et j'ai déjà payé, cet hiver, dix-huit cent mille écus pour des chevaux. Il faut que les officiers fassent mieux leur devoir, et que l'on ait plus l'œil à la conservation des corps, sans quoi, quelque argent que j'eusse, l'armée serait un tonneau des Danaïdes dont tout s'écoulerait, quelque peine qu'on se donnât pour le remplir ....
Le pauvre margrave est mort; je le regrette du fond de mon cœur; c'était un bien honnête homme, bon patriote, et mon bon et ancien ami.a
125. AU MÊME.
Seitendorf, 13 juillet 1762.
Mon très-cher frère,
Ce qui a arrêté la conclusion de l'alliance avec la Porte a été la nouvelle subite de ma paix avec les Russes. J'ai enfin disposé l'empereur de Russie de faire déclarer à la Porte qu'il ne se mêlerait pas de la guerre qu'elle pourrait faire aux Autrichiens, et je moyenne un accommodement entre la Russie et le kan des Tartares, touchant un certain fort nommé Sainte-Élisabeth. Cette négociation, où il a toujours fallu aux courriers six semaines ou deux mois pour aller et revenir, a arrêté la conclusion de l'alliance. Hier je reçois un courrier
a De la main du Roi.