<368> soupçonner de n'y pas répondre avec la même tendresse. Je sens tout le plaisir qu'on doit avoir de revoir ses parents après une si longue absence, car je sais quel plaisir j'aurais, si je pouvais revoir ma sœur de Suède; mais je n'ose pas m'en flatter, car je crois en entrevoir l'impossibilité morale. Vous avez encore, mon cher frère, un grand voyage qui vous attend, et qui malheureusement est inévitable; je parle de celui de Pétersbourg. Vous vous trouverez à portée de rendre de bons offices à ma sœur de Suède, que je regarderai comme si vous me les aviez rendus. Vous pourrez aussi, en louant l'Impératrice et en la flattant, la faire expliquer sur les conditions auxquelles elle compte faire la paix avec les Turcs, qui est une chose qui nous intéresse très-directement; car vous sentez bien que, après toute la gloire qu'elle s'est acquise par ses armées, rien ne peut la relever encore que sa modération dans les conditions de la paix qu'elle dictera à ses ennemis. Je pars le 2 pour la Moravie, où je trouverai des gens que cette paix intrigue beaucoup, et qui, à la fin, pourraient s'impatienter, si la guerre continuait encore l'année prochaine. D'ailleurs, je serai très-bien reçu; l'Empereur n'a voulu admettre d'étrangers à ce camp que ceux qui m'y suivent; le duc de Glocester a voulu y venir, mais le St. Ver.a le retient à Hanovre. Je juge à peu près de tout ce dont il pourra être question; mais j'aime mieux vous le communiquer lorsque j'aurai entendu parler les personnes moi-même que de vous donner des nouvelles fondées sur des on dit, et des rapports qui peuvent être infidèles. J'ai trouvé que nous avons fait quelques progrès ici, en Silésie, depuis l'année passée, tant pour les forteresses, l'armée, les finances, que le plat pays. La guerre s'oublie petit à petit, la population augmente, les champs sont bien cultivés, et le crédit commence à se rétablir. Si je n'étais pas surchargé d'affaires, je vous en dirais davantage; mais je compte encore, mon cher
a Nous ne savons ce que signifient les mots le St. Ver., que nous avons exactement copiés sur l'autographe.