<375> beau pour que j'aie cru, mon très-cher frère, qu'il mérite votre attention. Mon voyage, d'ailleurs, a été fort pénible. J'ai été huit jours sur mer par des tempêtes continuelles. J'ai échappé heureusement à toute sorte de hasards que nous avons couru risque d'avoir. La Finlande, par où j'ai passé, est un pays horrible; cela fait, depuis Åbo jusqu'à Pétersbourg, au delà de cent milles d'Allemagne. On passe par des sentiers dans une espèce de désert. Les contrées de la Suède paraissent un paradis à côté de celles-ci; mais on se trouve dédommagé amplement en voyant Pétersbourg, où les palais somptueux et tous les embellissements que l'Impératrice fait à la ville la rendront une des plus belles de l'Europe. Voilà, mon cher frère, où je terminerai ma lettre. Puissiez-vous être convaincu du désir sincère que j'ai de vous prouver en toute occasion le tendre et sincère attachement avec lequel je suis, etc.
212. AU PRINCE HENRI.
(Potsdam) 26 octobre 1770.
Mon cher frère,
Je suis bien aise de vous savoir arrivé en bonne santé à Pétersbourg par tous les mauvais chemins et les déserts que vous avez traversés; mais, mon cher frère, vous avez passé par le purgatoire pour arriver en paradis, et je suis persuadé que vous vous trouvez parfaitement dédommagé des fatigues les plus rudes que vous avez souffertes, par l'avantage que vous avez de voir vous-même une des plus grandes princesses du monde. Je souhaite que le froid et la fatigue ne nuisent point à votre santé, et que je vous voie ici de retour en bonne santé.