<377>tateur des événements; car ces gens-là peuvent nous accepter ou nous refuser pour médiateurs, mais il ne faut pas qu'ils se moquent ouvertement de nous.
214. AU MÊME.
Le 30 octobre 1770.
Mon cher frère,
Je n'ai pas douté que tous les objets que vous verriez à Pétersbourg exciteraient vos applaudissements; mais qu'est-ce que des maisons et une cour pompeuse, en comparaison de la princesse qui gouverne ce pays avec tant de gloire, et qui répand la splendeur de son règne dans toute l'Europe? Ce sont de ces objets qu'on ne trouverait pas en parcourant tout le monde connu. C'est le seul avantage que je vous envie là-bas, de pouvoir connaître ce puissant génie qui surpasse presque celui du fondateur de cet empire. Il n'y a plus moyen de féliciter l'Impératrice sur les succès de ses armes; il faudrait l'importuner trop souvent, de sorte que, en participant au succès de ses troupes en Bessarabie, sur le Pruth, à Bender, je l'admire et me tais.a Je ne puis guère vous mander des nouveautés d'ici, sinon qu'il paraît que la guerre entre l'Angleterre et l'Espagne est inévitable. Heureusement qu'ils se la feront sur mer, et que nous en serons les tranquilles spectateurs. Je vous envoie ci-joint encore quelques réflexions que ma solitude et ma vie recueillie me permettent de faire; ce sont des rêveries dans le goût de celles de l'abbé de Saint-Pierre, dont on disait qu'il rêvait en honnête citoyen de l'univers.b Je vous
a Voyez t. XVIII, p. 269; t. XXIII, p. 303 et 418; t. XXV, p. 210.
b Voyez t. XXIV, p. 148, 249 et 544.