<412> faut, je crois, laisser mûrir ces affaires; à force de jeter l'alarme dans le cœur du roi de Suède, et à mesure qu'on pourra calmer l'esprit de l'Impératrice, il se présentera un moyen de réunion qui, dans le moment, est encore trop difficile à saisir.
Voilà le comte Orloff disgracié dans les formes. Cet événement est un clou qui affermit la couronne sur la tête de l'Impératrice. Elle sera plus unie avec le grand-duc et le comte Panin, et alors personne ne peut attenter à la détrôner. D'ailleurs, le comte Orloff était un brouillon dans les affaires, et je suis charmé, par l'intérêt que je prends, mon cher frère, à l'alliance que vous avez avec la Russie, que cet homme est éloigné.
L'occupation est l'âme de la vie; je l'ai toujours envisagée ainsi, et je ne sais si je me trompe, mais je crois, mon cher frère, que vous devez avoir du plaisir d'arranger des finances, de distribuer des bienfaits, de rendre des hommes heureux par les places que vous avez à donner, de tenir l'équilibre dans la politique, de créer des corps de milice, et d'entretenir ce mouvement perpétuel dans l'État.
Vous avez eu la grâce de m'envoyer des raisins; je les ai reçus avec ce plaisir que votre souvenir me cause, et avec les sentiments d'attachement avec lesquels je suis, etc.
242. AU PRINCE HENRI.
Le 16 octobre 1772.
Mon cher frère,
J'ai tâché de vous donner des marques de ma reconnaissance le plus tôt que je l'ai pu, et dans un temps où il faut débrouiller le chaos des affaires de la Prusse, où tout est encore dans la plus grande con-