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90. A LA REINE.

Ce 30 (mars 1780).



Madame,

J'ai craint avec raison que les ravages que la mort vient de faire dans votre famille ne vous affectassent trop sensiblement, surtout parce que ces funestes coups se sont suivis de si près. Mais quel parti reste-t-il à prendre? Nous ne pouvons pas ressusciter les morts; nous ne pouvons que nous soumettre à l'ordre éternel qui assujettit nos amis, nos parents et nous-mêmes à la commune loi. A l'égard du Duc, je suis persuadé que la mort est une espèce de bonheur pour lui, car il ne faisait que traîner les restes languissants de son existence; privé de la parole depuis quatre semaines, privé de l'action de ses membres depuis quelques années, il était à charge à lui-même, et un spectacle de pitié et d'attendrissement pour ses proches. Je souhaite, madame, que ce soit le dernier chagrin domestique qui vous arrive, et que le ciel veille sur vos jours, étant avec toute l'estime possible, etc.

91. A LA MÊME.

Ce 8 (août 1780).



Madame,

J'ai été bien aise de revoir encore le prince votre frère ici;a pourvu qu'il se ménage, j'espère que nous le conserverons encore longtemps.


a Le prince Ferdinand avait fait un nouveau voyage à Sans-Souci vers le milieu de juillet 1780.