<XVI> Roi que sa santé ne lui permettait plus de soutenir les fatigues d'une campagne, et qu'il voulait se retirer, ce qui obligea Frédéric à nommer à sa place, le 13 décembre, le prince héréditaire de Brunswic.
Jusqu'à cette époque, Frédéric s'était entièrement reposé sur le prince du soin de veiller au salut de la patrie, au cas qu'il vînt lui-même à mourir.a Mais dès lors il ne fait plus aucune allusion à cette éventualité, ni aux services qu'il attendait de son frère, si elle se présentait.
Depuis la paix de Teschen jusqu'à sa mort, arrivée le 3 août 1802, le prince Henri vécut, si l'on en excepte ses voyages à Paris en 1784 et en 1789, au château de Rheinsberg, dont le Roi lui avait fait présent au mois de juin 1744. Il épousa, le 25 juin 1752, la princesse Wilhelmine de Hesse, qui mourut à Berlin le 8 octobre 1808, sans avoir eu d'enfants. Cette union, qui d'abord faisait naître les plus belles espérances, ne fut pas heureuse. Dans une lettre inédite à la landgrave Caroline de Hesse-Darmstadt, Berlin, 27 mai 1769, le prince dit, en parlant de sa femme : « Depuis trois ans, je suis absolument brouillé avec elle. » A partir de ce temps, il vécut toujours éloigné d'elle, quoiqu'il reconnût au fond de son cœur l'injustice de soupçons démentis par toute la conduite de cette princesse, à laquelle il ne put, depuis, refuser son estime.b
Il existe trois ouvrages sur la vie du prince Henri : 1o la Vie privée d'un prince célèbre, ou détails des loisirs du prince Henri de Prusse dans sa retraite de Rheinsberg (par Guyton de Morveau, connu dans la maison du prince sous le nom de Brumore). A Véropolis, 1784, quatre-vingt-seize pages petit in-8. 2o Kritische Geschichte der Feldzüge des Prinzen Heinrich (par Adam-Henri-Didier de Bülow), Berlin, 1805, deux volumes in-8. 3o Vie privée, politique et militaire du prince Henri de Prusse, frère de Frédéric II (par le général marquis Louis-Joseph-Amour de Bouillé), Paris, 1809, trois cent cinquante et une pages in-8. Avant d'entrer dans l'armée française, l'auteur de cet ouvrage avait été élève de l'Académie militaire de Berlin du 1er juin 1785 au 1er novembre de l'année suivante, et il y avait vécu, selon les expressions de son fils, sous les auspices tutélaires et presque paternels du prince Henri.c
a Voyez ci-dessous, p. 206, 207, 406, 427, 428, 429, 435, 445 et 609. Voyez aussi Militärischer Nachlass des Grafen Henckel von Donnersmarck, t. II, cahier II, p. 215.
b Voyez la Vie privée, politique et militaire du prince Henri, p. 146 et 147.
c Essai sur la vie du marquis de Bouillé (François-Claude-Amour), par son petit-fils René de Bouillé, Paris, 1853, p. 164 et 464. Voyez ci-dessous, p. 576.