<XVII>Pendant son séjour à Paris, en 1784, le prince Henri avait fait faire par Houdona son buste en bronze, excellent ouvrage dont il fit présent à ses frères Frédéric et Ferdinand. Celui-ci plaça son exemplaire, après la mort du prince Henri, dans son jardin de Bellevue, en y ajoutant l'inscription : Il a tout fait pour l'État. Ce beau buste a été volé il y a quelques années. L'autre exemplaire, heureusement conservé, se trouve dans le palais de Son Altesse Royale monseigneur le prince Frédéric-Guillaume, palais habité autrefois par Sa Majesté le roi Frédéric-Guillaume III.
Frédéric avait pour son frère beaucoup d'estime, de confiance et d'attachement; il prenait le plus vif intérêt à sa santéb et à son bonheur, et il chercha à le lui prouver par les attentions les plus variées et les plus aimables. Ainsi il lui adressa plusieurs ouvrages, tels que l'Épître à mon frère Henri (t. XI, p. 3-11); l'Épithalame à Monseigneur le prince Henri (t. XIV, p. 117-120); et l'Ode à mon frère Henri (t. XII, p. 1-8). Il lui légua entre autres, par son testament du 8 janvier 1769, le diamant vert qu'il portait au doigt.c Il lui fit élever à Berlin un superbe palais,d qui fut inauguré le 24 janvier 1766. Enfin, il lui montra, par ses riches donations des années 1762 et 1772, combien il appréciait la belle conduite du prince à Freyberg, ainsi que la part importante qu'il avait eue à l'acquisition de la Prusse occidentale.e
Les sentiments du Roi n'étaient point partagés par le prince Henri, qui se tint toujours sur la réserve à son égard, et qui s'exprima souvent sur son compte d'une manière peu amicale, surtout depuis la mort du Prince de Prusse.f Il ne se donnait pas la peine de dissimuler la jalousie et même l'aversion qu'il éprouvait pour son auguste frère,g comme on peut s'en assurer en lisant la remarque qu'il écrivit au bas de la lettre autographe de Frédéric, du 14 décembre 1759,h ainsi que les notes plus que sévères qu'il fit au crayon, en 1788, à la marge
a Voyez t. XXV, p. 137 et suivantes.
b L. c., p. 78.
c Voyez t. VI, p. 245, art. 9.
d Le bâtiment occupé depuis 1809 par l'université. Avant d'y demeurer, le prince Henri habitait, depuis son mariage, l'hôtel de Schwerin, rue Guillaume, 73.
e Voyez ci-dessous, p. 301, 310, 311, 330, 331, 407 et 410.
f Voyez la Vie privée, politique et militaire du prince Henri, p. 240, 87 et suivantes.
g Voyez l'Essai sur la vie du marquis de Bouillé, p. 167.
h Voyez ci-dessous, p. 233.