28. AU MÊME.
(Avril 1750.)
Mon cher frère,
Je vois par votre lettre que vous voulez m'engager dans un long procès. Souffrez que je vous dise que j'en vois trop les conséquences pour que j'aie l'imprudence de m'y engager avec vous. Si vous voulez encore accepter un conseil que mon amitié vous donne, c'est de ne pas trop remuer une affaire qui à la fin pourrait devenir fâcheuse. J'ai tous les égards convenables pour vous; je ne veux point vous chagriner par ma faute. Il n'y a que l'article du militaire, qui m'importe trop pour que je puisse y admettre des ménagements pour<123> personne. Quand mes frères donnent le bon exemple aux autres, ce m'est la plus sensible joie du monde, et quand cela n'est pas, j'oublie en ce moment toute parenté pour faire mon devoir, qui est d'entretenir tout en ordre pendant ma vie; après ma mort, vous en userez comme vous le voudrez, et si vous vous écartez des principes et du système que mon père a introduits dans ce pays, vous serez le premier qui vous en ressentirez. Voilà en peu de mots tout ce que je puis vous dire. Au reste, nous sommes bons amis, et je vous prie de me croire avec bien de l'estime, etc.