56. AU PRINCE DE PRUSSE.
Leitmeritz, 7 juillet 1757.
J'ai des nouvelles sûres que toutes les troupes de l'Empire qui s'assemblent à Fürth ne feront que dix-huit mille hommes; cela me paraît bien peu de chose pour faire une diversion. Je commence à soupçonner que les Autrichiens pourraient avoir dessein de pénétrer en Silésie par Landeshut. Kreytzen m'écrit qu'il y a eu un corps de trois mille hommes qui s'est montré là, et qui s'est retiré. Daun nous masque avec ses troupes légères; Dieu sait ce qu'il fait en attendant. Entretenez une vive correspondance avec d'O147-a et Kreytzen, pour<148> que vous soyez averti des mouvements que l'ennemi pourrait faire de ce côté-là; et réglez vos marches d'avance. Si vous étiez obligé de tourner de ce côté, Winterfeldt et Embers connaissent le pays et les camps que l'on y peut prendre. Si la guerre va de ce côté-là, et que vous puissiez prévenir l'ennemi du côté de Landeshut, vous avez des camps très-forts dans les montagnes, qui couvrent toute la Silésie. Il faut encore observer que si vous vous retirez par la Lusace, vous serez obligé, au cas que Nadasdy et sa canaille vous suive, de lui laisser un corps opposé du côté de Zittau, pour l'empêcher de faire des incursions; en ce cas, je pourrai relever une partie de ces troupes, et vous envoyer tout ce de quoi je pourrai me passer. Adieu.
147-a Voyez t. V, p. 62.