58. DU MÊME.
Camp de Leipa, 10 juillet 1757.
Mon très-cher frère,
Le hussard est arrivé heureusement ce matin avec la seconde lettre en date du 7; celle que j'avais envoyée avant-hier à Leitmeritz m'est revenue aujourd'hui, le hussard n'ayant pu passer. J'espère que celui-ci sera plus heureux; aussi je lui donne les deux lettres. Le général Brandeis est arrivé fort heureusement avec de la farine qui nous donnera pour dix jours de pain, et l'argent pour deux mois. Il a amené l'augmentation; l'infanterie a perdu par désertion cent trente hommes, la cavalerie treize. Les postes de Gabel et Reichstadt étant occupés par nos grenadiers, le convoi s'est fait avec sûreté. Quelques hussards et pandours se sont montrés à l'arrière-garde; mais un coup de canon les a fait partir. Un trompette autrichien est venu hier du général Morocz avec des lettres. Ce général a son quartier à Niemes; son détachement doit être entre cinq et six mille hommes, tous hussards et pandours. Demain les chariots que le général Brandeis a amenés partiront avec deux bataillons d'escorte; les bataillons resteront à Zittau, pour que, en cas qu'il nous faille de la farine, ils<151> puissent nous l'amener. Je joins les dépositions d'un déserteur et d'un autre homme. Je n'ajoute pas plus de foi qu'il ne faut à de pareils rapports. Je ne bougerai de ce camp sans ordre ou raison évidente. Je n'ai jamais compté que ce corps, entrant par Zittau en Saxe, y ferait long séjour, mais bien qu'il passerait, pour entrer en Silésie et couvrir la frontière. Comme sur ceci j'ignore vos desseins, je crois avoir bien fait de faire reconnaître les marches, et de les assurer par des postes. Le lieutenant-colonel Le Noble, soutenu de cent hussards, compte d'attaquer cette nuit un détachement de pandours; ayant reconnu les chemins par les bois, il espère de les couper. Dans ce moment, un trompette autrichien vient d'arriver avec une lettre du maréchal Daun; la lettre est du 7, datée de Münchengrätz. Ils ont envoyé en même temps un valet qui a volé son maître, le capitaine Bosse, d'Itzenplitz. J'ai fait examiner ce garçon, et je joins toute sa déposition sur ce qui regarde l'armée ennemie. J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect, jusqu'au tombeau, etc.